- Lorsque certaines personnes ont faim, leur mauvaise humeur augmente. Ce phénomène est surnommé "hangry".
- Une étude montre que ce phénomène est liée à la perception consciente des états corporels internes.
- La découverte de ce mécanisme pourrait améliorer la prise en charge de certains troubles métaboliques et mentaux.
Dès que les gargouillis commencent à se faire entendre, votre humeur plonge… et votre morosité persiste jusqu’à ce que la faim disparaisse. Vous n’êtes pas seul !
Des chercheurs de l'hôpital universitaire de Bonn, de l'Université de Bonn et du Centre hospitalier universitaire de Tübingen viennent de faire la lumière sur ce phénomène familier, surnommé “hangry”.
La perception consciente des signes corporels impacte les émotions
Pour leur étude publiée dans la revue eBioMedicine, l’équipe a réuni 90 adultes en bonne santé. Elle a demandé à ces derniers de porter un dispositif de surveillance continue du glucose, utilisé normalement dans le traitement du diabète. Cet appareil permet de suivre leur glycémie en temps réel. Les participants ont également répondu régulièrement à des questions sur leur faim, leur satiété et leur humeur via une application.
En étudiant les données, les scientifiques ont remarqué que si l’humeur baisse bien quand le taux de glucose est bas, c’est uniquement lié à la sensation de faim. "Autrement dit, ce n’est pas le taux de glucose en lui-même qui influence l’humeur, mais plutôt l’intensité avec laquelle nous percevons consciemment ce manque d’énergie", explique la Dr Kristin Kaduk, première auteure de l’étude, dans un communiqué.
"Nos résultats suggèrent que la conscience de son propre corps (appelé intéroception) peut agir comme un régulateur de l'humeur", ajoute le professeur Nils Kroemer, auteur principal de la recherche. Il précise par ailleurs : "une bonne écoute des signaux corporels semble contribuer au maintien de la stabilité émotionnelle, même en cas de fluctuations d'énergie."
L’intéroception pourrait aider à traiter des troubles mentaux
Cette étude qui met en lumière l’importance de l’intéroception dans le phénomène de “hangry”, n’aide pas seulement à comprendre nos sautes d’humeur à l’approche du déjeuner. Elle pourrait aussi améliorer la prise en charge de plusieurs troubles métaboliques ou mentaux.
"De nombreuses maladies, comme la dépression ou l’obésité, sont associées à des altérations des processus métaboliques, indique le Pr Kroemer. Mieux comprendre le lien entre la perception corporelle et l’humeur peut contribuer à améliorer les approches thérapeutiques à long terme. Par exemple grâce à un entraînement ciblé de l’intéroception ou à une stimulation non invasive du nerf vague, qui relie les organes au cerveau et influence l’intéroception."


