- Né dans le domaine médical, le FOFO (fear of finding), un des dix termes qui ont marqué l’année 2025, correspond à la peur de découvrir une maladie.
- "Pour beaucoup, elle découle de l'anxiété et représente une tentative de contrôler une situation perçue comme incertaine."
- Cette crainte est problématique, car elle retarde le diagnostic, la prise en charge, et par conséquent diminue les chances de guérison.
ROMO, FOMO, JOMO… Ces dernières années, plusieurs acronymes, évoquant des peurs qui paralysent certaines personnes, ont émergé. Le dernier en date : le FOFO (fear of finding). Ce nouveau terme, désignant la "peur de découvrir" une mauvaise nouvelle, a été classé par l’application Babbel dans son top 10 des mots qui ont marqué l’année 2025, car il aurait été très utilisé par les jeunes ou sur les réseaux sociaux. D’après Theo Tsaousides, neuropsychologue, cette peur est née dans le domaine médical pour expliquer la sous-utilisation des services de santé.
Le FOFO "représente une tentative de contrôler une situation perçue comme incertaine"
"Pour beaucoup, elle découle de l'anxiété et représente une tentative de contrôler une situation perçue comme incertaine. L'anxiété nous pousse souvent à l'évitement : nous voulons éviter ce qui nous fait peur. (…) Pour certaines personnes, la peur de l'échec peut provenir de mauvaises expériences vécues dans le système de santé ou d'iatrophobie, une peur courante des médecins ou des soins médicaux. Pour d'autres, elle peut être liée à un résultat d'examen susceptible d'engendrer un sentiment de honte face à une maladie (comme une IST) ou une anxiété liée à la nécessité de traitements non désirés. Cela peut être lié à la peur d'apprendre une mauvaise nouvelle ou à la pression de faire des choix de vie difficiles", a expliqué Lynn Bufka, psychologue et directrice de la pratique à l'Association américaine de psychologie, dans le magazine Time.
"Scananxiety" : la peur l’emporte sur la logique de la prise en charge médicale
"Il existe très peu de recherches sur ce sujet précis, mais les cliniciens spécialisés dans l’anxiété liée à la santé la connaissent bien", a indiqué, au magazine Time, Steven Taylor, professeur et psychologue clinicien à l’Université de Colombie-Britannique (Canada). Cette anxiété liée à des traitements non désirés ou à des changements de mode de vie l’emporte souvent sur la logique de la prise en charge médicale, indique Theo Tsaousides. Résultat : les personnes touchées ne se font pas dépister, notamment pour des examens comme les mammographies, les frottis cervico-vaginaux, les tests de dépistage des IST, les analyses de sang et les examens cutanés complets.
Cela été mis en avant par certaines enquêtes, notamment à l’occasion de Movember, mois de sensibilisation aux cancers masculins, un sondage d'Orlando Health montre que 38 % des hommes interrogés ont déclaré préférer endurer des situations stressantes, comme voir leur équipe perdre un match important ou être bloqués dans les embouteillages, plutôt que de parler de l’état de leur prostate, testicule et pénis. Une enquête menée avec l’Ifop pour Biogroup, consacrée à la "scanxiety", a également révélé que 12 % déclarent avoir déjà renoncé à un examen par peur du résultat.
FOFO : se rappeler qu’il est dans son "intérêt de faire le test"
Cette peur est un frein puissant, et pourtant invisible, au dépistage, selon le Dr Laurent Kbaier, directeur de la communication et Biologiste médical chez Biogroup. En effet, la "peur de découvrir" retarde le diagnostic et réduit donc les chances de guérison. Afin de la surmonter, Steven Taylor recommande de faire part de ses inquiétudes et appréhensions à son médecin. "Élaborez ensemble un plan pour la suite des examens et pour organiser votre temps d’attente." Autres stratégies : programmer plusieurs examens médicaux simultanément et se faire accompagner d'une personne de confiance. "Il est dans votre intérêt de faire le test : soit vous serez soulagé(e) d'apprendre que tout va bien, soit vous saurez à quoi vous attendre. L'appréhension est souvent pire que le résultat lui-même", a précisé Jonathan Abramowitz, professeur de psychologie à l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, interrogé par le magazine Time.



