- Les pensées intrusives (96 %) et les expériences de type psychotique (89 %) sont bien plus fréquentes chez les jeunes parents qu'on ne le pensait.
- Les pères ont rapporté plus de pensées intrusives, un stress parental plus important et des niveaux de dépression et d'anxiété plus élevés que les mères.
- Les chercheurs espèrent que ces données permettront une meilleure sensibilisation, un dépistage précoce et un accès facilité à un soutien psychologique pour tous les parents, et pas seulement ceux qui souffrent de troubles diagnostiqués.
Durant la période périnatale, de nombreux parents rencontrent des problèmes de santé mentale d’intensité variable, associées à des conséquences néfastes. "On peut citer l’exemple du trouble obsessionnel-compulsif (TOC) périnatal, qui peut se situer sur un continuum allant de symptômes infracliniques (par exemple pensées intrusives) au diagnostic clinique de TOC. De même, la psychose post-partum peut se manifester par des expériences de type psychotique infracliniques jusqu’au diagnostic clinique", d’après des chercheurs de l’université d'East Anglia (Angleterre).
Santé mentale : 96 % jeunes parents ont déclaré avoir eu au moins une pensée intrusive
Étant donné qu’il existe peu de recherches sur ces troubles, pouvant survenir simultanément au sein des populations périnatales et que l’on connaît encore moins la détresse qu’ils engendrent ou leurs liens potentiels avec le vécu parental, l’équipe a décidé de se pencher sur la question dans une étude parue dans la revue Community Mental Health Journal. Dans le cadre de celle-ci, les auteurs ont recruté des participants via des sites dédiés à la parentalité, tels que Mumsnet, Netmums et Dads Matter UK, ainsi que sur les réseaux sociaux comme Facebook, Twitter et Instagram. Au total, 349 parents ayant eu un bébé au cours des 12 derniers mois ont répondu à un questionnaire en ligne portant sur leurs expériences liées aux pensées intrusives, aux expériences psychotiques, à la parentalité (sentiment de compétence et stress) et à la santé mentale (dépression, anxiété et stress).
Sur 349 volontaires, 96 % ont rapporté avoir eu au moins une pensée intrusive, par exemple des idées ou des images indésirables et angoissantes, 90,8 % ont fait état d'une détresse associée et 95 % ont adopté des stratégies d'adaptation. Concernant les expériences psychotiques, 89 % en ont vécu au moins un, 88,8 % ont rapporté une détresse associée et 30,4 % pourraient être considérés comme "à risque" de développer une psychose. "Les pensées intrusives et les expériences de type psychotique étaient significativement associées à un sentiment de compétence et une satisfaction moindres, à un stress parental accru et à des symptômes de troubles mentaux, bien que cette association soit indirectement médiée par la dépression et l'anxiété", peut-on lire dans les résultats.
Stress, dépression, anxiété : les pères sont plus touchés
Les scientifiques ont constaté que les pères signalaient davantage de pensées intrusives, un stress parental plus important et des niveaux de dépression et d'anxiété plus élevés que les mères. "Ces symptômes chez les parents de sexe masculin peuvent être liés à un manque de sommeil. Le stress accru et l’adaptation psychologique aux nouvelles responsabilités et à l’identité paternelle sont des facteurs importants. Cependant, ce résultat pourrait être biaisé par le fait que la grande majorité des participants, environ 90 %, étaient des femmes. Il serait certainement intéressant de recruter davantage d’hommes dans les futures recherches", a précisé Jo Hodgekins, qui a dirigé l’étude.
Dans les conclusions, l’équipe souligne, face à ces données, la nécessité de normaliser certaines de ces expériences pour les nouveaux parents, de réduire la stigmatisation et de sensibiliser le public afin que le dialogue puisse s’ouvrir à ce sujet. Il convient également d’offrir un soutien personnalisé et ciblé aux personnes qui vivent ces expériences comme une source de détresse, afin d’améliorer leur santé mentale et leur expérience parentale.



