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Réponse immunitaire

Allergies alimentaires : bientôt un vaccin contre le choc anaphylactique ?

Des chercheurs de l’Institut Pasteur ont développé un vaccin qui, en induisant la production d’anticorps anti-immunoglobuline E, protège des souris d’un choc anaphylactique, la manifestation la plus sévère de l’allergie.

Allergies alimentaires : bientôt un vaccin contre le choc anaphylactique ? Natali_Mis/iStock




L'ESSENTIEL
  • Dans une étude, des chercheurs français se sont concentrés sur les lymphocytes B, car les anticorps monoclonaux ciblant les IgE, approuvés pour traiter les allergies et l’asthme, ne sont pas optimaux en raison de leur administration répétée et coûteuse.
  • Administré à des souris humanisées, leur vaccin contre les IgE, couplant un fragment de la région constante des IgE à une protéine porteuse immunogène, induit la production d'anticorps puissants et durables contre les IgE.
  • Ces anticorps ont suffi à protéger les souris contre l'anaphylaxie cutanée, médiée par les IgE, sans altérer la réponse immunitaire.

Les allergies et, en particulier, l'anaphylaxie, une réaction allergique grave, rapide, et généralisée sont sources d’inconfort important pour les patients et peuvent engager le pronostic vital. "Les anticorps de type immunoglobuline E (IgE), auxquels se lient les allergènes, jouent un rôle clé dans les allergies et cette manifestation dangereuse et potentiellement mortelle. Des anticorps monoclonaux ciblant les IgE ont été élaborés pour traiter les maladies à médiation IgE, notamment l'asthme allergique, les allergies alimentaires et l'urticaire chronique spontanée. Cependant, leur utilisation reste limitée à une minorité de patients présentant les symptômes les plus sévères, en raison du coût élevé et de la nécessité d'administrations répétées", ont indiqué des scientifiques de l’Institut Pasteur et l’université de Toulouse.

"L’objectif est d’obtenir une réponse durable en activant des lymphocytes B"

C'est pourquoi l’équipe a mis au point un vaccin conjugué en s’appuyant sur la structure de l'omalizumab, un médicament déjà sur le marché depuis une vingtaine d’années, lié aux IgE. "Concrètement, cet anticorps thérapeutique est injecté au patient et se lie aux IgE qui circulent dans son sang, les empêchant ainsi de se fixer aux mastocytes. (…) Ici, l’objectif est d’obtenir une réponse durable en activant des lymphocytes B capables de produire ces anticorps sur le long-terme", a expliqué Laurent Reber, chercheur toulousain, dans un communiqué de l’Inserm. Ainsi, en partant du constat que l'omalizumab bloque l'IgE dans l'état fermé et empêche la liaison au récepteur de haute affinité FcεRI, les auteurs ont conçu un antigène cible composé d'un fragment d'IgE possédant les domaines nécessaires à la liaison à FcεRI. Ils ont introduit une mutation ponctuelle, G335C, qui bloque définitivement ce fragment dans l'état fermé. Ensuite, ces derniers ont fusionné le fragment d'IgE muté avec un mutant de la toxine diphtérique hautement immunogène mais non toxique pour créer le vaccin.

La vaccination réduit durablement l'activité des IgE et bloque l'anaphylaxie cutanée

Pour tester l’efficacité du vaccin avec l'IgE kinoïde (IgEK), les auteurs ont administré la formule à des souris humanisées pour l'IgE et son récepteur de haute affinité FcεRI. Selon les résultats, publiés dans la revue Science Translational Medicine, la vaccination a induit une production prolongée d'anticorps neutralisants anti-IgE humaines, sans effet indésirable détectable. Des anticorps anti-IgE ont été détectés dans le sérum de souris immunisées par IgE-K jusqu'à 12 mois après la vaccination, avec une efficacité similaire à celle de l'omalizumab.

En outre, la vaccination par IgE-K a protégé les souris humanisées pour IgE/FcεRI contre l'anaphylaxie cutanée et systémique sévère induite par les IgE. "Nos résultats démontrent qu'une réduction durable de l'activité des IgE peut être obtenue par la vaccination et protéger les souris humanisées contre l'anaphylaxie. Cette approche pourrait constituer une stratégie thérapeutique rentable et efficace à long terme pour le traitement des maladies à médiation par les IgE", ont déclaré les scientifiques.

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