- La fumée tertiaire est un résidu toxique du tabac qui persiste dans les habitations.
- Elle représente surtout un risque pour les enfants, les personnes fragiles et les habitants de logements collectifs, où la contamination est souvent répandue.
- La Californie a pris les devants avec une loi inédite qui sera appliquée dès 2026.
Vous pensiez être à l'abri du tabac parce que personne ne fume chez vous ? Détrompez-vous. Même après le départ d'un fumeur, des substances toxiques peuvent persister pendant des années dans vos murs, vos vêtements et vos meubles : c'est ce qu’on appelle la "fumée tertiaire". Aux Etats-Unis, la Californie vient d'adopter une loi inédite pour s'en protéger, une première mondiale.
Des toxines invisibles mais persistantes
La fumée tertiaire ("thirdhand smoke" en anglais) est le résidu toxique du tabac qui s'imprègne dans les surfaces : tapis, moquettes, murs, meubles, vêtements... "Les produits chimiques de la fumée secondaire [celle que les fumeurs expirent dans l’air quand ils fument et qui se dégage de la cigarette] pénètrent les tissus, s'accumulent et peuvent être libérés dans l'air, ingérés via la poussière ou absorbés par la peau", explique le Dr Neal Benowitz, professeur de médecine à l’Université de Californie à San Francisco (UCSF), dans une récente interview.
Dans le détail, vingt-six produits contenus dans cette fumée tertiaire sont identifiés par l’Etat de Californie comme cancérigènes, responsables de malformations congénitales ou encore de troubles de la reproduction. Les enfants sont particulièrement exposés : ils rampent, portent des objets à leur bouche et absorbent les substances toxiques par contact cutané. "Les personnes allergiques, asthmatiques, immunodéprimées ou âgées sont également à risque", ajoute le Dr Benowitz, coauteur d'une étude sur le sujet publiée dans JAMA Network Open.
Des études sur des souris exposées à la fumée tertiaire ont révélé des altérations de l'ADN, des dysfonctionnements immunitaires et des troubles comportementaux, ainsi que des effets potentiellement cancérigènes. Chez l’humain, des marqueurs sanguins d'inflammation et de risque cardiaque ont également été observés.
Comment se protéger de la fumée tertiaire ?
Face à ce risque méconnu, la Californie a adopté le projet de loi AB455, qui caractérise la fumée tertiaire comme un danger similaire au plomb ou à l’amiante. À compter du 1er janvier 2026, toute transaction immobilière devra mentionner la présence connue de fumée tertiaire. Cette dernière fera aussi partie des "dangers environnementaux" que le propriétaire devra indiquer aux nouveaux résidents. Cette loi, la première du genre dans le monde, pourrait inspirer d’autres Etats outre-Atlantique, mais aussi d’autres pays. "Nous espérons que de futures législations cibleront également les logements collectifs, où la contamination est souvent répandue", insiste le Dr Benowitz.
A noter que, pour se débarrasser de cette fumée récalcitrante, un simple ménage ne suffit pas toujours : nettoyer les surfaces en profondeur, jeter des tapis et des meubles, et même rénover les murs et les systèmes de ventilation peuvent s’avérer nécessaires, selon l’expert. Qui se veut toutefois rassurant : "Au fil du temps, le risque diminue progressivement".


