Chaleur et sommeil ne font pas bon ménage. Les résultats d’une étude de la Keck School of Medicine de l’USC (University of South California) montrent que le réchauffement climatique dégrade la qualité de nos nuits. Ils ont été publiés dans Environment International.
12 millions de nuits analysées pour comprendre les effets de la chaleur
Des recherches ont déjà établi un lien entre la hausse des températures et les troubles du sommeil. "Mais la plupart des études manquaient de données sur les caractéristiques démographiques, socio-économiques et sanitaires des participants", indiquent les auteurs de cette nouvelle recherche. Pour la réaliser, ils ont rassemblé les données de plus de 14.000 personnes. Toutes participaient au programme américain "All of Us" : il a pour objectif de collecter des données détaillées sur la santé pour accélérer la recherche. En plus d’informations sur leur santé et leur niveau socio-économique, les participants ont fourni les données de leur appareil Fitbit, des montres connectées qui analysent le sommeil.
Au total, les chercheurs ont travaillé sur plus de 12 millions de nuits : ils ont étudié la durée du sommeil et la facilité d'endormissement. Ils se sont aussi intéressés aux phases du sommeil et à la fréquence des interruptions. Ensuite, ils ont utilisé des données de géolocalisation et météorologiques pour déterminer si les habitudes de sommeil étaient liées aux variations de température.
Chaleur : des nuits plus courtes et plus perturbées
Les scientifiques ont constaté qu'une augmentation de 10°C de la température en journée était associée à une perte de sommeil de 2,19 minutes, tandis qu'une augmentation de 10°C de la température nocturne était corrélée à une perte de 2,63 minutes. "Cela peut paraître peu, mais à l'échelle de millions de personnes, l'impact total est considérable", commente Jiawen Liao, chercheuse postdoctorale en sciences de la population et de la santé publique à la Keck School of Medicine de l'USC et autrice principale de l'étude. La hausse des températures était aussi associée à un sommeil plus perturbé, avec des réveils au cours de la nuit.
Les résultats varient selon la période de l’année. Ainsi, la perte de sommeil est plus importante pendant l’été, entre juin et septembre. Mais la zone géographique a aussi une influence : les habitants de la côte ouest des États-Unis perdaient près de trois fois plus de temps de sommeil que ceux des autres régions. Selon les auteurs, les adultes américains pourraient perdre entre 8,5 et 24 heures de sommeil par an d'ici 2099, selon leur lieu de résidence.
Réduire les effets de la chaleur pour améliorer le sommeil
Les conséquences de la chaleur sur le sommeil peuvent être multiples. Elle peut empêcher le corps de se refroidir, et déclencher une réaction de stress. Les températures élevées peuvent aussi réduire le temps de sommeil profond et de sommeil paradoxal. Or, un sommeil de mauvaise qualité augmente le risque de troubles cardiaques et respiratoires, et de problèmes de santé mentale. "Ces travaux constituent une avancée majeure pour comprendre l'impact des facteurs de stress environnementaux, comme la chaleur, sur le sommeil. La chaleur peut accroître le risque de maladies, voire de décès, alerte Jiawen Liao. Améliorer le sommeil pourrait contribuer à réduire les maladies et à sauver des vies." Pour cela, les auteurs appellent à des mesures politiques comme la végétalisation des villes, un meilleur accès à la climatisation ou une isolation plus performante des bâtiments.


