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Alcoolisme

L'alcool plus dangereux pour les jeunes

Par Camille Sabourin

Un décès sur 20 est dû, dans le monde, à l’alcool. 13,5 % des jeunes meurent d’alcoolisme : l'alcool est plus dangereux pour les jeunes.

bernardbodo / iStock

Davantage que le Sida, la tuberculose et la violence réunis… Un décès sur 20 est dû, dans le monde, à l’alcool. Alcoolisation aigüe, de plus en plus chez les jeunes ; alcoolisation chronique avec des maladies classiques comme la cirrhose, mais aussi accidents de la circulation, blessures, homicides, et ce que l’on sait moins : maladies infectieuses, cardiovasculaires ou diabète. Malheureusement, la France n’est pas la dernière !

Certes, nous sommes champions du monde du ballon rond, mais nous avons longtemps été les champions d’Europe du verre ballon ; l’Europe est la région du monde où l’on boit le plus. Triste titre puisqu’il s’agit de celui de la consommation d’alcool par habitant.

Attention aux idées reçues

Vaste programme dans un pays où la “biture fait rire” et où l’initiation au vin est un rite familial quasi incontournable. Il existe des idées reçues qui alimentent souvent notre bonne conscience. Par exemple, entre 3 amis qui se retrouvent au café et qui boivent l’un, un demi de bière, l’autre, un verre de vin, et le troisième, un whisky, il y a photo : ils ont en effet tous bu la même quantité d’alcool pur.

Ensuite, l’alcool n’est pas un stimulant, mais ralentit l’activité du cerveau. C’est même pour cela qu’il provoque des accidents de voiture. La gaieté et l’excitation qui suivent l’absorption d’alcool sont donc des leurres.

Boire pour se réchauffer est une hérésie. On ressent certes une impression de chaleur car l’alcool provoque une augmentation du rythme cardiaque et de la tension artérielle. Malheureusement, cette réaction abaisse la température du corps. En fait, l’alcoolisé résiste moins longtemps au froid... Vous comprendrez pourquoi le Saint-Bernard avec son petit tonneau de rhum sous le collier avait le même effet pour les disparus dans la neige qu’une rafale de mitraillette. Les légendes ont la vie dure...

Pour en revenir au rôle soi-disant protecteur de l’alcool, ce sont des études américaines qui ont montré que le risque d’infarctus, par exemple, est moins élevé chez ceux qui consomment un peu d’alcool chaque jour que chez les adeptes de la sobriété. Toutefois, d’abord, il ne s’agit que d’une faible diminution, ensuite le risque de dérapage, donc d’alcoolisme, semble plus important que la protection.

Si les femmes se mettent hélas de plus en plus à pratiquer ce plaisir qui devient une vilaine habitude en cas d’excès, il faut toutefois savoir que les hommes sont trois fois plus nombreux à boire des boissons alcoolisées tous les jours que les femmes.

Plus de 30 000 hommes mourront cette année des dégâts de l’alcoolisme, beaucoup plus par cancer ou accident de la route que par cirrhose – que tous les buveurs craignent – mais qui ne représentent que 20 % de ce triste bilan. Car on sait malheureusement qu’avec l’alcool, il n’est pas besoin d’être ivre pour en mourir.

13,5 % des jeunes meurent d’alcoolisme

Selon une étude des données de la Global Burden of Disease Study 2020, publiées dans The Lancet, les spécialistes mettent également l’accent sur l’alcoolisme des jeunes, en particulier sur le « binge drinking », cette « cuite » express, souvent extrêmement brutale, qui aurait pour conséquence de laisser sur le cerveau une espèce de marque indélébile facilitant plus tard la dépendance à cette drogue ancestrale.

D’ailleurs, que dire à un adolescent qui rentre ivre à la maison ? Les spécialistes de cette addiction sont formels : il ne faut pas faire référence à sa propre expérience, car les jeunes ne boivent plus comme ont pu le faire leurs parents. Il faut s’appliquer une règle absolue : ne rien dire sur le moment et attendre le lendemain, car, après avoir fanfaronné, un adolescent admet très souvent les mauvais côtés de l’ivresse…

L’alcool, une drogue qui présente la particularité – avec le tabac – d’être parfaitement légale. Toutefois, à la différence de la nicotine, en aucun cas ces mêmes spécialistes ne réclament, bien au contraire, la mise hors la loi de cette partie importante de notre patrimoine et de notre culture. Le lobbying en la matière a la vie dure… Il faut insister sur un point fondamental : le soi-disant effet bénéfique est complètement contrebalancé par le risque – lorsque l’on met le nez dans ces boissons – de voir la dépendance s’installer, ce qui permet d’encourager les 25 % de Français totalement sobres à ne rien changer à leurs habitudes.