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Deux études américaines

Cancer du sein : la double mastectomie n’améliore pas la survie

Par Sandrine Chauvard

Chez les patientes souffrant d’un cancer du sein, une mastectomie bilatérale n’améliore pas la survie par rapport à un traitement conservateur, selon deux études américaines.

GUSTAFSSON/LEHTIKUVA OY/SIPA

Lorsque l’on est atteinte d’un cancer du sein, et qu’une mastectomie est envisagée, la tentation est grande de se faire enlever le deuxième sein afin d’éviter un 2ème cancer. Car le risque de récidive est alors multiplié par deux. Or deux études montrent que cette solution radicale n’augmente pas la survie des patientes par rapport à une tumorectomie associée à une radiothérapie.
La première, publiée dans le JAMA, a été menée en Californie sur 190 000 femmes, dont le diagnostic a été posé entre 1998 et 2011. 55 % des patientes avaient bénéficié d'un traitement conservateur, près de 40 % une mastectomie unilatérale et 6,2 % une mastectomie bilatérale. Et les résultats montrent que la mortalité à 10 ans était de 16,8 % avec la tumorectomie et la radiothérapie, de 18,8 % avec l'ablation bilatérale et de 20 % avec l'ablation unilatérale. L’autre étude n’est pas observationnelle mais théorique, et elle utilise des modèles avec une cohorte fictive afin d’évaluer l’efficacité des traitements à 20 ans. Elle est publiée dans le Journal of the National Cancer Institute. Et là encore, la différence de survie en fonction des traitements n’est pas significative.

Le nombre de doubles mastectomies multiplié par 10 aux Etats-Unis
Ces résultats sont importants à l’heure où de plus en plus de femmes se tournent vers une mastectomie bilatérale. Aux Etats-Unis, le pourcentage des femmes de moins de 40 ans qui ont opté pour cette double chirurgie est passé de 3,6 à 33% en un peu plus de 10 ans. Et la médiatisation de la décision de l'actrice Angelina Jolie l’an dernier a favorisé cette tendance.

Or, les auteurs de l’étude soulignent que la mastectomie est une intervention lourde, qui nécessite ensuite une reconstruction mammaire. Pour le Dr Dominique Stoppa-Lyonnet, chef du service génétique oncologique à l’Institut Curie, la chirurgie controlatérale doit être réservée aux femmes qui ont des antécédents familiaux, et qui sont porteuses des gènes de prédisposition BRCA 1 et BRCA 2.

Dominique Stoppa-Lyonnet, chef du service génétique oncologique à l’Institut Curie : « La décision de mammectomie controlatérale doit être discutée chez des femmes qui sont dans un contexte de prédisposition, mais pour les autres cela n'a pas d'intérêt »


Quant à la mastectomie unilatérale, l’étude du JAMA montre que le gain de survie est un peu plus faible qu’avec la mastectomie bilatérale et qu'avec la tumorectomie associée radiothérapie. Mais selon le Dr Stoppa-Lyonnet, c’est parce qu’elles ont été pratiquées sur des femmes dont les tumeurs étaient plus sévères.

En France, les médecins ont une attitude plus conservatrice que leurs collègues américains, et s’orientent très rarement vers une double mastectomie chez les femmes ne présentant pas de facteur de risque. Les résultats de ces nouvelles études viennent conforter leur choix.