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Etude française

Cancer du sein : l’activité physique limite la fatigue liée au traitement

Par Audrey Vaugrente

Renforcement musculaire et endurance sont bénéfiques dans le cadre d'un traitement contre le cancer du sein. Les patientes qui en bénéficient sont moins fatiguées.

REX/Mood Board/REX/SIPA

Epuisement, solitude face à la maladie, mal-être, effets secondaires… Le traitement du cancer est un parcours semé d’embûches. Mais peu de solutions concrètes sont proposées. L’activité physique adaptée au cours de la chimiothérapie, ou de la radiothérapie, pourrait représenter un espoir pour les patients. En France, Grégory Ninot a lancé un essai clinique qui évalue l’impact de la combinaison renforcement musculaire, activité d’endurance et conseils nutritionnels (APAD). Les premiers résultats sont présentés au 18e colloque de la recherche, organisé par la Ligue contre le cancer ces 28 et 29 janvier à Nancy (Meurthe-et-Moselle).

Bénéfices à 1 an

« On a montré le bénéfice significatif de ce programme sur la fatigue subjective, neuropsychologique et musculaire », souligne Grégory Ninot. Plus de 200 femmes, traitées pour cancer du sein par chimiothérapie ou radiothérapie ont pris part à cet essai mené à l’Institut du Cancer de Montpellier (Hérault). La moitié d’entre elles a suivi le programme APAD.

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Grégory Ninot, directeur de l’essai APAD : «  Il y a eu 9 séances d’activité physique et 9 séances de conseil diététique juste avant ou après la chimiothérapie ou la radiothérapie. »

 

Les volontaires ont porté un objet connecté qui a permis de mesurer leur activité physique au cours du suivi. L’analyse a révélé qu’au moment du traitement anticancéreux, la sédentarité explose pour les femmes du groupe contrôle. En revanche, les femmes actives se sentent moins fatiguées. « La différence est significative à la fin du traitement, et elle se maintient 6 mois et 1 ans après dans le cas de la fatigue squelettique », souligne Grégory Ninot.

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Grégory Ninot : « L’étude montre très clairement qu’il faut démarrer une activité physique en prévention de l’aggravation de la fatigue. »

Oublier la douleur

Patients et associations de patients n’ont pas attendu ces résultats pour se lancer dans l’activité physique. Josette Macerelle est entrée à la Ligue contre le Cancer par le biais de la maladie. Comme les participants à l’étude APAD, elle était atteinte d’une tumeur au sein. A leur différence, elle a subi une mastectomie. Mais cette Nancéienne a également rejoint les programmes d’activité physique adaptée proposés gratuitement par la Ligue, quelques mois après son opération. « On réalise les séances par petits groupes, ce qui permet au coach d’adapter les activités aux spécificités du malade », se remémore-t-elle.

Au sein de la Ligue, les séances ne dépassent pas 7 à 8 personnes. Même en petit comité, les bénéfices de l’activité physique s’opèrent. Josette Macerelle a ainsi récupéré une bonne partie de la mobilité de son bras. Elle peut à présent porter des charges raisonnables. A défaut de produire des miracles, cette méthode permet au moins de faire oublier les effets du traitement un court instant. « La douleur est présente en permanence, qu’on fasse quelque chose ou rien, souligne cette femme en rémission depuis 5 ans. L’activité physique permet de ne plus y penser, de parler d’autres choses. »

« Nos adhérents ne veulent plus partir »

Le corps n’est pas le seul à tirer parti de ces programmes. L’activité physique en groupe rétablit aussi un lien social que la maladie peut distendre. « Je vis seule, mes enfants vivent loin et mes amis se sont éloignés. Après l’opération, j’étais esseulée, se souvient Josette. Intégrer un groupe d’activité physique a créé une complicité avec les malades, sans qu’on parle de notre cancer en permanence. On sentait une chaleur humaine sans parler. »

Le directeur du Comité départemental de la Meurthe-et-Moselle de la Ligue livre lui aussi un bilan positif des escales à la Ligue. « Nos adhérents ne veulent pas partir, même lorsque la maladie est derrière eux », se félicite Jean-Pierre Pilon.

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Jean-Pierre Pilon, directeur du Comité de la Ligue en Meurthe-et-Moselle : « Les patients viennent entre les mains d’un coach dûment qualifié. En fonction de la pathologie, l’activité sera douce mais efficace. »

 

Le succès est tel qu’une clinique de Nancy aurait demandé à la Ligue un contact avec ses coaches afin de mettre en place le même type de services.