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Essai clinique à l’Institut Curie

Cancer du sein : un test pour éviter les chimiothérapies inutiles

Traiter mieux : voilà l'objectif de l'Institut Curie. Un test génomique, à l'essai, permet de savoir si une chimiothérapie s'impose en prévention des récidives du cancer du sein.

Cancer du sein : un test pour éviter les chimiothérapies inutiles Institut Curie

  • Publié le 01.10.2015 à 19h33
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Après l’opération d’une tumeur au sein, la chimiothérapie peut éviter les récidives. Mais l’Institut Curie veut éviter les traitements inutiles. Les tests qui permettent de prédire son efficacité ne sont pas encore pris en charge par l’Assurance maladie. Pour en évaluer l’intérêt, à la fois sur le plan économique et sanitaire, l’Institut Curie lance une étude prospective.

Sortir de la zone grise

8 centres médicaux publics et privés vont participer à ces travaux sur 200 patientes. A la tête du groupe de recherche, le Pr Roman Rouzier, chef du pôle de sénologie de l’Institut Curie. A l’origine de son projet, un constat : lorsque la tumeur est agressive, la chimiothérapie adjuvante – administrée après une intervention chirurgicale – relève de l’évidence.

Grâce à l'analyse des tumeurs, « on est capable de dire si votre risque de rechute dans les 10 ans est de 6 ou 20 %. Evidemment on agit différemment : quand le risque est de 6 %, on se concentre sur l’hormonothérapie, explique le Pr Roman Rouzier, contacté par Pourquoidocteur. Quand le risque est de 25 %, on se concentre sur une chimiothérapie. Il faut savoir qu’aujourd’hui, sans utilisation du test, il y a une zone grise qui fait qu’on prescrit très probablement un peu trop de chimiothérapies. » Pour évaluer l'agressivité d'une tumeur, et donc l'intérêt d'une chimio, plusieurs tests sont disponibles.

 

Ecoutez...
Pr Roman Rouzier, chef du pôle sénologie (Institut Curie) : « Aujourd'hui, lorsqu'une tumeur est retirée, elle est analysée. On vérifie quelques éléments. Ce test fait partie des tests qui évaluent un certain nombre de critères, que l'on passe au pronostic. »

 

Un intérêt médico-économique

L’étude que lance le Pr Rouzier va  tenter de définir précisément l’utilité du test PAM50-Prosigna dans la décision de traiter ou non par chimiothérapie les femmes opérées d’un cancer à un stade précoce. Mais les travaux vont aussi mesurer la confiance qu’ont les praticiens en ce dispositif, et l’état émotionnel des patientes confrontées à cette prise de décision.

 

Ecoutez...
Pr Roman Rouzier : « Le gain médico-économique, il s'évalue par des études, et c'est celle qu'on mène à l'Institut Curie. Plusieurs éléments entrent dans la balance : les chimiothérapies évitées, les chimiothérapies en plus, le coût de la chimiothérapie... »

 

Sur le papier, le test pourrait être très intéressant sur le plan financier. Son coût est de 2 118 euros. Celui des chimios a été évalué à 13 000 euros, en tenant compte des molécules génériquées. D’après une étude d’impact réalisée par le Pr Rouzier en 2013, rembourser les tests génomiques aurait permis une économie de 44 millions d’euros sur 53 000 patientes diagnostiquées. Mais il pourrait aussi, et surtout, éviter un traitement lourd à une patiente. Et cet intérêt sur la qualité de vie est au cœur de la pratique médicale.

« L’impact a été évalué. On sait qu’un chimiothérapie fait que la patiente va devoir arrêter son activité professionnelle pendant 6 mois en moyenne. Vous imaginez donc l’intérêt de ne pas faire des traitements inutiles, indique Roman Rouzier. La chimiothérapie apporte un réel bénéfice dans le cancer du sein, mais il faut la faire à bon escient. »

Mais encore faut-il que l'Assurance maladie accepte de prendre en charge les tests génomiques. Et c'est bien tout le problème : toute patiente n'est pas capable de débourser 2 000 euros, et toutes les complémentaires santé n'acceptent pas de le faire. Résultat : ces dispositifs ne sont pas déployés sur le territoire français.

 

Ecoutez...
Pr Roman Rouzier : « En France, où il n'y a pas de remboursement, ce n'est pas déployé. Quelque part, il ne faut pas : si on veut une approche équitable de la médecine, il ne faut pas que seuls les gens qui ont les moyens puissent se payer ces tests

 

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