ACCUEIL > FÉMININ SANTÉ > Les mères de famille nombreuse vieillissent moins vite

Télomères plus longs

Les mères de famille nombreuse vieillissent moins vite

Par Ambre Amias

Donner naissance à plusieurs enfants conduirait à un ralentissement du vieillissement chez les mères. La maternité aurait un effet protecteur sur les chromosomes.

GILE MICHEL/SIPA

Pas toujours évident d’être mère de famille nombreuse. Mais en contrepartie, avoir plusieurs enfants ralentirait le vieillissement. C’est du moins ce qui ressort d’une étude publiée dans la revue Plos One.

Elle contredit la plupart des travaux parus précédemment au sujet du lien entre sénescence et reproduction. Ces derniers concluent que plus l’on a d’enfants, plus l’on vieillit rapidement. En cause : la reproduction implique que l’on y consacre une grande part d’énergie, qui n’est en conséquence pas utilisée pour la préservation des tissus. Ceux-ci vieillissent donc plus vite.

Cette dernière étude, menée par des chercheurs de l'université Simon Fraser (Canada),  montre au contraire, que plus une femme a donné naissance à un nombre important d’enfants, plus ses télomères sont longs. Les télomères sont des régions non codantes à l’extrémité des chromosomes, dont le raccourcissement est lié au vieillissement. A chaque division cellulaire, la taille de ces télomères diminue progressivement jusqu’à ce que la cellule ne puisse plus fonctionner et meure, conduisant à un vieillissement des tissus.

 

Hormones ...

Pour les besoins de cette nouvelle étude, 75 femmes d’une même ethnie, des Mayas Kaqchikel au Guatemala, ont été suivies sur 13 ans. La longueur de leurs télomères a été mesurée à partir d’échantillons salivaires en 2000, puis à la fin du suivi, en 2013.

Les chercheurs ont mis en évidence que les femmes ayant eu le plus d’enfants vivants présentent des télomères plus long, chaque enfant étant associé à un télomère plus long de 0,059 unités.

Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ce phénomène, et pour comprendre pourquoi ces résultats contredisent ceux de travaux antérieurs. La première, c’est que les œstrogènes, sécrétés en quantité pendant la grossesse, ont un effet protecteur sur les télomères. « Les œstrogènes fonctionnent comme un antioxydant qui protège les cellules contre le raccourcissement des télomères » précise le Pr Pablo Nepomnaschy, auteur principal de cette étude. Or ce facteur n’a pas toujours été pris en compte lors des précedentes études. 

... et soutien social

Autre explication : dans certaines cultures, comme dans celle des femmes ayant participé à cette étude, le soutien social aux mères est important, surtout lorsqu’elles ont beaucoup d’enfants. Mieux entourées, elles peuvent mieux prendre soin de leur santé, et allouer une part plus importante de leur énergie à la préservation des tissus de leur organisme.