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Chez les femmes de plus de 50 ans

Dépistage du cancer du sein : la mammographie reste l'examen de référence

Par Anne-Laure Lebrun

Les avantages du dépistage du cancer du sein par mammographie l'emportent sur les effets indésirables pour les femmes de 50 ans à 79 ans, selon une étude internationale. 

SERGE POUZET/SIPA

Dans 80 % des cas, le cancer du sein survient chez des femmes de plus de 50 ans sans risque particulier. C’est pourquoi les autorités sanitaires françaises ont mis en place le dépistage organisé pour les femmes de 50 à 74 ans en 1994 et l'ont généralisé à l’ensemble du territoire national dix ans plus tard. En 2014, le taux de participation était de 52,1 %, soit plus de 2,5 millions de femmes. Mais ce taux est encore inférieur à l'objectif européen de 70 %.  
Malgré tout,  la mammographie est un test de dépistage controversé. Un débat scientifique autour de la balance bénéfices/risques agite les experts à l’échelle internationale depuis plusieurs années.

Une étude d’ampleur, menée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et publiée ce jeudi dans le New England Journal of Medicine, conclut que « les avantages de la mammographie l’emportent sur les effets négatifs du dépistage pour les femmes âgées de 50 à 69 ans ». Ces conclusions émanent de l'évaluation d'une quarantaine d'études menées en Europe, Amérique du Nord et Australie.

Bénéfique même après 70 ans

« Nous avons pu réaffirmer que le dépistage organisé du cancer du sein réduit la mortalité chez les femmes de 50 à 69 ans d’environ 40 %, explique Béatrice Lauby-Secretan, chercheuse et responsable de la série Handbooks du CIRC. Nous avons également montré que la réduction de la mortalité bénéficie aussi aux femmes de 70 à 74 ans ». Ces conclusions vont dans le sens des recommandations françaises.

« Aujourd’hui les études nous le montrent, et le CIRC vient de nous le rappeler, les avantages du dépistage du cancer du sein demeurent. Mais il est important de souligner que tous les dépistages s’accompagnent de faux-positifs et donc potentiellement de surdiagnostic (femmes traitées pour des cancers qui auraient pu ne jamais évoluer, ndlr), affirme Catherine Rumeau-Pichon, adjointe à la direction de l’Evaluation médicale, économique et en santé publique à la Haute Autorité de Santé (HAS). Donc je crois qu'il est indispensable d’informer ces femmes qui doivent pouvoir choisir en connaissant les avantages et les inconvénients du dépistage ».

Des effets indésirables compensés

L’étude du CIRC confirme qu’au delà des faux positifs et le surdiagnositc cités précédemment, les cancers du sein radio-induits ( cancers liés à une exposition aux radiations trop importante) font partie des effets négatifs les plus importants de la mammographie. « Un risque toutefois compensé par la réduction de la mortalité par cancer du sein », souligne les auteurs.

 

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Catherine Rumeau-Pichon, adjointe à la direction de l’Evaluation médicale, économique et en santé publique à la Haute Autorité de Santé : « L’un des avantages du programme français est la double lecture des résultats. C’est un vrai gage de qualité »

 

Les chercheurs ont également évalué l’efficacité de la mammographie de dépistage chez les femmes de 40 à 44 ans et de 45 à 49 ans. « Mais le niveau de preuve n’était pas suffisant pour conclure sur l’efficacité du dépistage pour cette tranche d’âge », indique Béatrice Lauby-Secretan. Le bénéfice/risque pour ces femmes ne penchait donc pas en faveur de la mammographie.

Seule la mammographie réduit la mortalité

Des résultats qui influenceront sûrement les discussions qui ont lieu à la HAS autour de l’extension du dépistage, notamment aux femmes de moins de 40 ans. « D’autant que nous arrivons à extrapoler des données de remboursement de l’Assurance Maladie qui laissent penser que l'intégralité des mammographies faites avant 50 ans ne concernent pas exclusivement des examens de suivi ou sur signes d'appel (comme une masse au sein sentie à la palpation par exemple, ndlr). Il doit donc y avoir un pourcentage non négligeable de mammographies de dépistage réalisé en dehors du programme organisé alors qu'il est gage de qualité », explique Catherine Rumeau-Pichon.

En outre, les données sur le dépistage par examen clinique ou auto-palpation des seins montrent qu'ils permettent de détecter des petites tumeurs et ce à un stade précoce. Cependant, les données ne révèlent pas que ces techniques de dépistages réduisent la mortalité par cancer du sein. Celles-ci sont donc un outils complémentaires à la mammographie, qui reste le seul moyen de dépistage permettant cette réduction de la mortalité par cancer du sein.