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Rapport international

Cancer : l'OMS réclame en urgence des mesures de prévention

Par Audrey Vaugrente

L'OMS réclame que les Etats prennent, en urgence, des mesures de prévention. Campagnes de vaccination, dépistage précoce et législation strictes sont indispensables pour gagner la bataille contre le cancer.

WIDMANN PETER/TPH/SIPA

Des progrès prometteurs mais des efforts à consentir en matière de prévention : voilà le bilan que dresse ce 3 février le Rapport sur le cancer dans le monde 2014. Signé par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), il souligne le manque d'efficacité des politiques de prévention dans le monde alors même que les traitements sont de plus en plus efficaces. « Nous ne pouvons pas régler le problème du cancer grâce aux seuls traitements. Une plus grande mobilisation pour la prévention et la détection précoce est maintenant absolument nécessaire, pour compléter les traitements et faire face à l'augmentation alarmante du fardeau du cancer au niveau mondial », estime le Dr Christopher Wild, directeur du CIRC.

 

14 millions de cas en 2012

2012 a vu 14 millions de nouveaux cas de cancers émerger, dont 8 millions ont entraîné la mort. Le poids de la maladie sur les systèmes de santé n'a jamais été aussi lourd : 11,6 milliards de dollars en 2010. Et le rythme n'est pas près de ralentir selon le rapport du CIRC. Le cancer du poumon est toujours le plus diagnostiqué et le plus mortel. Paradoxalement, les autres cancers les plus répandus sont aussi ceux qu'on dépiste le mieux à un stade précoce : cancer du sein et cancer colorectal. Ce qui pose problème, dans l'ensemble des pays, c'est surtout la prévention et le dépistage.

 

Une prévention pas assez développée

Dans les pays en développement, le cancer est une menace à deux têtes : les cancers liés aux infections ne reculent pas (col de l'utérus, foie, estomac) alors que ceux associés au mode de vie occidental progressent (poumon, sein, colorectum). Dans ces pays comme dans les régions les plus riches, « les gouvernements doivent démontrer leur engagement politique et accélérer la mise en oeuvre de programmes de dépistage et de détection précoce de haute qualité, qui doivent être considérés comme un investissement et non comme un coût », selon le Dr Bernard Stewart, co-auteur du rapport.

 

En matière de prévention et de détection, les cancers les plus prévalents pourraient être évités avec de bonnes politiques. Le vaccin contre le virus de l'hépatite B réduit le risque de cancer du foie, celui contre le papillomavirus humain (HPV) le risque de cancer du col de l'utérus. Les solutions de dépistage précoce sont aussi bien développées : mammographies régulières pour repérer rapidement les lésions précancéreuses et les cancers du sein à un stade initial, les test Hemmocult et immunologique pour les cancers colorectaux... A ce titre, le CIRC salue le programme « dépistage et traitement » mis en place en Inde et au Costa Rica.

 

Durcir la législation

Mais, la prévention seule ne suffit pas, selon le Rapport sur le cancer dans le monde 2014. Les gouvernements doivent aussi adopter des approches plus sévères. Il conseille notamment de durcir les lois sur le tabac et sa promotion pour faire reculer le nombre de cancers du poumon. A travers la loi, les Etats doivent aussi mieux promouvoir un environnement sain : lutte contre l'abus d'alcool et de boissons sucrées, contre l'obésité, limitation de l'exposition professionnelle aux risques de cancer et à la pollution de l'air, récemment classée cancérigène par le CIRC.