- Des chercheurs américains étudient depuis 25 ans les "SuperAgers", des octogénaires à la mémoire exceptionnelle.
- Leurs cerveaux présentent des caractéristiques uniques, comme un cortex plus épais et des neurones spécialisés.
- Leur sociabilité semble aussi jouer un rôle clé dans leur longévité cognitive.
Depuis 25 ans, les chercheurs de l’Université Northwestern, aux Etats-Unis, étudient un groupe bien particulier de seniors : les "SuperAgers", ou super-seniors, des personnes de plus de 80 ans dotées d'une mémoire digne de quinquagénaires. Leur objectif : comprendre comment certaines personnes âgées parviennent à défier les lois du vieillissement cognitif. Leurs travaux viennent d'être publiés dans la revue Alzheimer’s & Dementia.
Une mémoire hors normes
Pour être considéré comme SuperAger, il faut obtenir un score d'au moins 9 sur 15 à un test de rappel de mots différé – un résultat comparable à celui de personnes trentenaires plus jeunes. "Nos résultats montrent qu'une mémoire exceptionnelle à un âge avancé est non seulement possible, mais qu'elle est liée à un profil neurobiologique distinct", explique Dr Sandra Weintraub, professeure de psychiatrie et de neurologie à Northwestern, dans un communiqué.
Mais la surprise ne vient pas que des tests. Les autopsies de 77 cerveaux de SuperAgers ont révélé des structures particulières : une absence d'amincissement cortical, voire un cortex antérieur plus épais que chez des adultes plus jeunes. Cette zone clé gère les émotions, la motivation et la prise de décision.
Certains cerveaux présentent pourtant les plaques amyloïdes et les protéines tau, typiques de la maladie d'Alzheimer. Alors, comment conservent-ils leurs facultés ? "Nous avons identifié deux mécanismes : la résistance à la formation de ces lésions, et la résilience, c'est-à-dire leur capacité à en limiter l'effet sur le cerveau", explique Dr Weintraub.
Des neurones uniques, une vie sociale riche
Les SuperAgers possèdent également davantage de neurones von Economo, liés au comportement social, ainsi que des neurones du cortex entorhinal plus grands, essentiels à la mémoire. Bien qu'ils aient des modes de vie variés, un trait commun émerge : leur sociabilité. Ils entretiennent des relations interpersonnelles fortes, un facteur potentiellement clé de leur longévité cognitive.
Les participants du programme acceptent souvent de donner leur cerveau à la science. Une démarche saluée par la Dr Tamar Gefen, co-autrice de l'étude : "Le don de cerveau permet des découvertes longtemps après la mort, offrant une forme d'immortalité scientifique". Cette recherche sur les SuperAgers pourrait bien ouvrir ainsi la voie à de nouvelles stratégies pour vieillir avec un cerveau en pleine forme.



