- En prévision du prochain budget de la sécu 2026, le Medef a présenté une centaine de propositions visant à réduire les dépenses de santé.
- L'organisation patronale propose entre autres de ne pas indemniser à 100 % les salariés grippés non vaccinés.
- Les patrons suggèrent d'instaurer un à plusieurs jours de carence d'ordre public dans le secteur privé.
L'Assurance Maladie affiche un déficit de 16 milliards d’euros en 2025. Et, ce dernier pourrait atteindre 41 milliards d’euros dans 5 ans, selon un rapport publié le 24 juin 2025. Comment résorber le trou de la sécu est une question persistante depuis des années. À quelques jours de la présentation des grandes orientations du projet de budget de l’année prochaine par le Premier ministre, le Medef a présenté une centaine de propositions pour réduire les dépenses de santé.
L’organisation patronale propose entre autres de ne plus indemniser à 100 % les salariés grippés non vaccinés, allonger les délais de renouvellement des lunettes ou des audioprothèses ou encore la mise en place "d’un ou plusieurs jours de carence" sans indemnité.
Déficit de la sécu : ne plus indemniser les salariés non-vaccinés pour faire des économies ?
Pour réduire les dépenses de santé, les patrons proposent en premier lieu de dématérialiser à 100 % les procédures liées au parcours de soin (arrêts de travail, ordonnances numériques…) et de "faire de l'espace numérique de santé un passage obligé" pour certaines consultations et certaines prescriptions "afin d'éviter les examens redondants". Rallonger les délais de renouvellement des lunettes ou des audioprothèses, renforcer le contrôle des médecins et améliorer le suivi des arrêts longs liés à des troubles musculosquelettiques ou des troubles psychiques ou psychiatriques sont d’autres pistes avancées.
Une autre suggestion du syndicat pourrait relancer le débat sur les vaccins : l’organisation souhaiterait que les salariés non vaccinés, notamment contre la grippe, ne soient plus indemnisés à 100 %.
"Se faire vacciner contre la grippe participe à la santé publique. C'est un exercice collectif que nous faisons pour protéger les autres. Nous posons la question de dire qu'il ne faut pas s'interroger, une fois passée cette crise antivax, qu'on sera revenu dans le pays de Pasteur, quand une personne a décidé délibérément de ne pas participer à l'exercice de protection de santé publique, est-il normal que la totalité de sa rémunération soit assumée par l'Assurance Maladie et son employeur ?", a avancé le vice-président du Medef Yves Laqueille au micro de BFM.
Actuellement, le vaccin contre la grippe est recommandé uniquement pour les professionnels de santé et les travailleurs en contact avec des personnes vulnérables. Selon le Medef, la tenue d’une campagne de vaccination en entreprise diviserait le taux d'absentéisme par 2,4 avec 4,6 jours non travaillés en moins. "Nous mettons le sujet en discussion, mais ce n'est peut-être pas pour demain", a reconnu Yves Laqueille.
Introduire les jours de carence d’ordre public dans le privé
Autre proposition sujette à controverse : les jours de carence. En premier lieu, le Medef suggère de mettre en place un à plusieurs jours de carence d'ordre public dans le secteur privé, comme c’est déjà le cas dans la fonction publique. C’est-à-dire que ce jour d’arrêt-maladie n’est indemnisé ni par la Sécurité sociale, ni par l’employeur, ni par la mutuelle. Selon les calculs de l’organisation patronale, cette mesure permettrait d’économiser jusqu’à 600 millions d'euros.
S'inspirant du secteur bancaire qui a adopté ce dispositif, les patrons proposent également d'interdire la prise en charge du délai de carence dès le troisième arrêt de travail au cours de l'année civile.
Le Medef estime que sa centaine de propositions pourraient faire économiser 6,5 milliards d’euros dès l’année prochaine, si elles étaient intégrées au prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).


