- Il y a environ cinq ans, les autorités sanitaires ont alerté sur le risque de méningiome lié à l’utilisation prolongé de deux progestatifs : l’acétate de nomégestrol (Lutényl) et l’acétate de chlormadinone (Luteran).
- Une nouvelle étude montre qu’entre 2019 et 2023, le recours mensuel à ces médicaments a baissé, passant de plus de 260.000 utilisatrices à moins de 9.000.
- La hausse de la surveillance par imagerie médicale, recommandée par les autorités sanitaires, a entraîné une diminution du nombre de tumeurs cérébrales opérées.
En 2019 et en 2020, les professionnels de santé et les patientes ont été mis en garde contre un risque accru de chirurgie pour un méningiome intracrânien lié à l’exposition prolongée à des progestatifs. Ceux pointés du doigt sont l’acétate de nomégestrol (3,75-5 mg de Lutényl) et l’acétate de chlormadinone (5-10 mg de Luteran), qui sont prescrits pour traiter la ménopause, les troubles menstruels et l'endométriose.
Un "effondrement" de l’utilisation des progestatifs de 2010 à 2023
Pour rappel, un méningiome est une tumeur qui se développe à partir des méninges. Il peut provoquer des maux de tête ou céphalées diffuses ou localisées, banales ou d’apparition récente et qui s’aggravent malgré la prise d’antalgiques, des troubles de la vision, de la sensibilité, de la parole, de la vue, du comportement survenus récemment ou des troubles de la mémoire récents. Les patients peuvent également souffrir d’une faiblesse dans les bras ou les jambes, voire une paralysie, une perte de l’équilibre et des vertiges, une perte de l’audition ou de l’odorat et la survenue d’une crise d’épilepsie (convulsion).
Face à ce constat inquiétant, des mesures nationales de réduction du risque ont été déployées à partir de 2020. Dans une nouvelle étude, le groupement d’intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare a voulu évaluer si ces mesures ont entraîné la réduction de l’incidence des méningiomes intracrâniens et amélioré la surveillance des patientes. En utilisant les données du système national des données de santé (SNDS), recueillies de 2010 à 2023, l’équipe a observé un "effondrement" du recours aux comprimés Luteran et Lutényl. Dans le détail, entre 2019 et 2023, l’utilisation mensuelle s’est réduite de 97 %, passant de plus de 260.000 utilisatrices à moins de 9.000. "Les nouvelles prescriptions ont également diminué de manière drastique, passant de près de 18.000 par mois à environ 1.000 par mois. Un report des prescriptions vers deux autres produits à risque moindre, le désogestrel et la médrogestone dans 16 % et 4 % des cas respectivement, a été observé."
Méningiomes : le nombre de chirurgies attribuables à la prise de progestatifs divisé par 10
D’après les auteurs, 22 % des femmes exposées plus d’un an aux progestatifs ont réalisé un IRM cérébral de surveillance en 2023, contre seulement 5 % en 2019. Cet examen est recommandé par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour toute personne au bout d’un an de traitement lorsque celui-ci nécessite d’être poursuivi. Grâce à cette mesure, le nombre de méningiomes opérés attribuables à la prise de ces deux médicaments a été divisé par dix en cinq ans, passant de 152 femmes opérées en 2018 à 15 en 2023.