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Santé mentale

Dépression résistante : quelle est la meilleure association thérapeutique avec l’eskétamine ?

Par Sophie Raffin

Des chercheurs ont voulu savoir quel était le meilleur antidépresseur à associer avec l’eskétamine lors du traitement d’une dépression résistante.

Liderina/istock
30 % des personnes souffrant de dépression ne répondent pas aux traitements. Cela s'appelle une dépression résistante.
Il est parfois prescrit de l'eskétamine, un anesthésiant, à ces patients.
Une étude montre que le choix de l'antidépresseur combiné à ce médicament peut avoir un impact significatif sur les résultats.

Entre 15 % à 20 % des Français souffriront au moins d’un épisode dépressif au cours de leur vie. Et, 30 % d’entre eux ne répondront pas de manière satisfaisante aux traitements et souffrent ainsi d’une dépression dite "résistante".

L’eskétamine, médicament utilisé comme anesthésiant, est l’une des options thérapeutiques proposées à ces patients qui souffrent d’une forme grave et persistante de la dépression. Des chercheurs de l’université Sapienza (Italie) ont voulu savoir si combiner le médicament avec des antidépresseurs comme des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) ou des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine-noradrénaline (IRSNA), améliorerait les résultats.

Leur étude a été publiée dans la revue JAMA Psychiatry, le 2 avril 2025.

Eskétamine et antidépresseurs : une étude sur plus de 55.000 malades

Cette étude comparative a porté sur 55.480 patients souffrant de dépression résistante au traitement venant de 20 pays. Les volontaires qui ont été suivis pendant cinq ans, ont été séparés en deux groupes. Le premier se voyait prescrire de l’eskétamine et un ISRS tandis que l’autre avait de l’eskétamine et un IRSNA.

L’ensemble des patients ont présenté une amélioration de leur santé mentale. Toutefois, les analyses ont montré que les malades du groupe IRSNA affichaient des taux significativement plus faibles de mortalité toutes causes confondues (5,3 % contre 9,1 %), d’hospitalisation (0,1 % contre 0,2 %) et de rechute de la dépression (14,8 % contre 21,2 %) par rapport aux autres.

De son côté, le duo eskétamine et ISRS était associé à une incidence plus faible de tentatives de suicide (0,3 % contre 0,5 %).

Le choix de l'antidépresseur a un impact sur la dépression résistante

Face à ces résultats, l’équipe de chercheurs italiens a confirmé que les deux types de prescriptions offraient une amélioration de la santé mentale. Néanmoins, "il existe des différences notables entre elles", remarquent le Pr Antonio Del Casale et ses collègues, repris par le site Medscape. Les incidences plus faibles en termes de rechute, de décès et de rechutes avec l’IRSNA d’un côté et le taux moins élevé de tentatives de suicide avec l’ISRS de l’autre, les conduit à conclure que “le choix de l'antidépresseur combiné à l'eskétamine peut avoir un impact significatif sur les résultats cliniques dans la dépression résistante au traitement”.