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Sauf chez les personnes âgées

Les compléments de vitamine D ne protègent pas des maladies chroniques

Par Bruno Martrette

Selon une étude méta-analyse, un supplément en vitamine D ne permet pas de prévenir les maladies chroniques, sauf peut-être chez les personnes âgées dont la mortalité serait légèrement diminuée.

Bebeto Matthews/AP/SIPA

« Le dosage de la vitamine D ne présente aucune utilité dans un grand nombre de situations cliniques. » C'est la position officielle prise par la Haute autorité de santé fin octobre. Pour la HAS, il ne faut pratiquer cet examen en routine que dans de rares cas. Une méta-analyse menée par des chercheurs de l'Institut international de recherche en prévention (iPRI à Lyon) vient donner du poids à ces recommandations. En effet, les résultats publiés, ce vendredi, dans la revue scientifique Lancet Diabetes-Endocrinology, remet en cause la supplémentation en vitamine D. Ce complément ne permettrait pas de prévenir les maladies chroniques, sauf peut-être chez les personnes âgées dont la mortalité serait légèrement diminuée.


Dans un éditorial, les chercheurs lyonnais rappellent que dans des précédentes recherches, un faible taux de vitamine D a été associé à une hausse du risque d'un grand nombre d'affections non squelettiques (cancer, maladies cardiovasculaires, diabète, maladies neurodégénératives...) et de décès. Ce lien a suggéré l'intérêt d'une supplémentation en prévention. « Tous ces travaux ont amené la recherche à se poser la question dans le sens inverse: et si c'était en réalité les maladies qui entraînaient une baisse de vitamine D dans l'organisme ? », concluent les éditorialistes. 

Un léger effet préventif chez les personnes âgées
Pour répondre à cette question, les chercheurs de Lyon ont conduit une méta-analyse répertoriant quelque 450 études sur la supplémentation en 25(OH)D. Conclusion : la supplémentation en vitamine D ne permettait pas de prévenir ces maladies. Même chez les personnes ayant des taux bas de 25(OH)D au départ, une supplémentation n'avait pas d'effet préventif.

La seule note positive dans ces travaux concerne les personnes âgées. Dans des études, qui incluaient majoritairement des femmes âgées, une supplémentation en vitamine D à faible dose a diminué, légèrement, la mortalité toutes causes.
Les auteurs qui ont publié dans The Lancet font l'hypothèse que « la majorité des maladies chroniques incluent un processus inflammatoire, et c'est ce processus qui induirait une baisse de taux de la vitamine D. Celle-ci serait donc un marqueur de la mauvaise santé, et non un facteur causal. Concernant les personnes âgées, bien que la baisse de mortalité soit modeste, c'était un résultat robuste », soulignent-ils. 

Comment la vitamine D protège-t-elle

Chez les femmes âgées, la vitamine D aurait eu un effet bénéfique sur le risque de chute et de fracture, et donc indirectement sur la mortalité. Par ailleurs, face à la détérioration générale de l'état des personnes âgées, la supplémentation en vitamine D améliorerait une fonction physiologique, avec ensuite un effet sur la mortalité.
A ce titre, les auteurs rappellent que cinq essais cliniques randomisés sont actuellement en cours chez les personnes de 50 ans et plus pour évaluer l'intérêt d'une supplémentation en vitamine D sur le risque de maladie chronique. Les premiers résultats sont attendus en 2017.