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Cellules souches

Une cousine des méduses détient-elle la clé du rajeunissement ?

Par Camille Sabourin

Une créature marine, faisant partie de la même famille que les méduses et les coraux, a la capacité de transformer ses cellules en fin de vie en cellules souches capables de faire repousser une partie de son corps.

VitalyEdush/iStock
Des chercheurs américains et irlandais ont découvert des indices sur la guérison et le vieillissement en étudiant l'Hydractinia symbiolongicarpus.
Il s’agit une créature en forme de tube, qui serait capable de régénérer certaines parties de son corps à l'aide de cellules "vieillissantes".
Elle éjecterait ces cellules sénescentes de sa bouche.

Des chercheurs de l’université de Galway (Irlande) ont récemment porté leur attention sur une créature marine appelée "Hydractinia symbiolongicarpus". Cette petite créature, en forme de tube, fait partie de la même famille que les méduses et les coraux, mais elle possède une capacité de régénération unique. Cette dernière peut régénérer toute une partie de son corps à partir d'un fragment de tissu et de sa bouche. Cette découverte a suscité l'intérêt de la communauté scientifique, car elle soulève des questions importantes sur les mécanismes moléculaires qui sous-tendent la régénération chez les organismes vivants.

Un groupe spécial de cellules souches pour la régénération

Dans le cadre de leurs recherches, publiés dans la revue Cell Reports, les scientifiques ont procédé à un séquençage de l'ARN de l'Hydractinia symbiolongicarpus. Les auteurs ont découvert que cette créature possédait un groupe spécial de cellules souches pour la régénération. L'Hydractinia symbiolongicarpus stocke ses cellules souches régénératrices dans la partie inférieure de son corps. Cependant, lorsque les chercheurs retirent sa bouche, à savoir une partie éloignée de l'endroit où résident les cellules souches, elle développe de nouvelles parties du corps. Ainsi, l’équipe a émis l'hypothèse que cette créature devait générer de nouvelles cellules souches et ont cherché des signaux moléculaires qui pourraient diriger ce processus.

Une signature moléculaire associée au processus de vieillissement

Les chercheurs ont alors identifié une signature moléculaire spécifique associée au processus biologique du vieillissement, également connu sous le nom de "sénescence". "La plupart des études sur la sénescence sont liées à l'inflammation chronique, au cancer et aux maladies liées à l'âge. (…) Généralement, chez l'homme, les cellules sénescentes restent sénescentes, et ces cellules provoquent une inflammation chronique et induisent le vieillissement des cellules adjacentes. Grâce à des animaux comme l'Hydractinia, nous pouvons apprendre comment la sénescence peut être bénéfique et élargir notre compréhension du vieillissement et de la guérison", a expliqué Andy Baxevanis, docteur en sciences et l'un des auteurs de l'étude, dans un communiqué.

Vieillissement : un gène lié à ce processus biologique activé dans les cellules souches

Lorsque le séquençage de l'ARN a indiqué la sénescence, les scientifiques ont analysé le génome de l'Hydractinia symbiolongicarpus à la recherche de séquences semblables à celles des gènes liés à la sénescence chez les êtres humains. Sur les trois gènes qu'ils ont identifiés, l'un d'entre eux était "activé" dans les cellules situées à proximité de l’endroit où l'animal avait été coupé. Lorsque les chercheurs ont supprimé ce gène, la capacité des animaux à développer des cellules sénescentes a été bloquée, et sans les cellules sénescentes, les créatures n'ont pas développé de nouvelles cellules souches et n'ont pas pu se régénérer.

Ensuite, l’équipe a suivi les cellules "vieillissantes" chez l'Hydractinia symbiolongicarpus afin de découvrir comment elle contourne les effets néfastes de la sénescence. De manière inattendue, les créatures ont éjecté les cellules sénescentes de leur bouche. Bien que les êtres humains ne puissent pas se débarrasser aussi facilement des cellules "vieillissantes", le rôle des gènes liés à la sénescence chez l'Hydractinia symbiolongicarpus suggère comment le processus de vieillissement a évolué. "Nous ne comprenons toujours pas comment les cellules sénescentes déclenchent la régénération ni à quel point ce processus est répandu dans le règne animal", a déclaré Andy Baxevanis.