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Alcool

Gueule de bois : un probiotique génétiquement modifié pour s’en débarrasser

Par Mégane Fleury

Des chercheurs ont modifié génétiquement un probiotique pour qu'il réduise les effets indésirables d’une consommation excessive d’alcool. 

Paolo Cordoni/istock
Une consommation excessive d'alcool provoque la gueule de bois.
Une enzyme appelée ADH1B accélère la dégradation de l'alcool dans le corps.
Dans une étude sur des souris, des chercheurs ont génétiquement modifié un probiotique pour exprimer cette enzyme, ce qui leur a permis de se rétablir plus rapidement de l’exposition à l’alcool.

Des maux de tête, des nausées et de la fatigue... La gueule de bois est liée à une consommation excessive d’alcool. Des chercheurs chinois auraient trouvé une solution pour réduire ces symptômes. Dans la revue spécialisée Microbiology Spectrum, ils expliquent avoir développé un probiotique génétiquement modifié permettant d’atténuer la gueule de bois et de réduire les effets négatifs de l'alcool sur le corps. 

Les scientifiques chinois sont partis d’un constat : le corps humain utilise une enzyme, appelée "alcool déshydrogénase" ou ADH, pour métaboliser l'alcool. Mais elle peut prendre plusieurs formes et certaines sont plus efficaces que d’autres. "Certaines études ont montré qu'une forme appelée ADH1B, trouvée principalement dans les populations d'Asie de l'Est et de Polynésie, est 100 fois plus active que d'autres variantes", expliquent-ils dans un communiqué. Des essais sur des virus capables de générer l’expression d’ADH1B ont été réalisés mais ils n’étaient pas concluants chez l’humain. 

Gueule de bois : le probiotique réduirait les dommages causés par l’alcool

L’équipe de recherche a décidé d’utiliser un autre vecteur : les probiotiques. Ils ont travaillé sur la Lactococcus lactis, une bactérie souvent utilisée dans la fermentation. Grâce à une technique de clonage moléculaire, ils ont introduit le gène de l'ADH1B humain dans une souche de celle-ci. Ensuite, les chercheurs ont testé le probiotique sur trois groupes de cinq souris, exposés à différents niveaux d’alcool.

Dans le groupe de souris non-traitées, les signes de l’ivresse sont apparus au bout de 20 min. "Lorsque les souris étaient placées sur le dos, par exemple, elles étaient incapables de se remettre sur pied", expliquent les auteurs. Dans le groupe ayant reçu le probiotique exprimant l'ADH1B, la moitié des souris étaient encore capables de se retourner une heure après l'exposition à l'alcool. "Un quart n'a jamais perdu sa capacité à se retourner", notent les scientifiques.

D'autres essais ont montré que deux heures après l'exposition, les taux d'alcoolémie dans le groupe témoin continuaient d'augmenter, tandis que ceux des souris traitées aux probiotiques avaient commencé à baisser. En parallèle, les chercheurs ont découvert que les souris traitées avaient des niveaux inférieurs de lipides et de triglycérides dans leur foie, "ce qui suggère que le probiotique pourrait atténuer les dommages causés par l'alcool au niveau de cet organe", indiquent-ils.

Il pourrait être utilisé dans le traitement des maladies hépatiques

"Nous sommes enthousiasmés par les bénéfices des probiotiques dans les lésions hépatiques et intestinales aiguës induites par l’alcool", explique Meng Dong, auteure principale de cette recherche. Si ces premiers résultats sont encourageants, les scientifiques doivent encore tester l’efficacité du probiotique sur les êtres humains. Mais si les effets sont identiques, il pourrait permettre de réduire les problèmes de santé liés à la consommation d’alcool et il pourrait aussi être utilisé dans le développement de nouveaux traitements contre les maladies du foie.