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Moustique tigre

Dengue, Zika et chikungunya "pourraient devenir des problèmes de santé publique en métropole"

Par Mégane Fleury

Selon le Comité de veille d’anticipation des risques sanitaires, ces virus devraient entraîner de plus en plus de contaminations en France. 

frank600/ISTOCK
Les cas d'infection par des virus responsables de Zika, de la dengue ou du chikungunya se multiplient en France.
Ils sont notamment liés à la présence accrue du moustique tigre sur le territoire.
Le réchauffement climatique et les JO de 2024 pourraient contribuer à une augmentation des cas.

Des maladies tropicales qui pourraient devenir courantes en France métropolitaine. Dans un avis publié le 5 avril, le Comité de veille d’anticipation des risques sanitaires (COVARS) alerte sur une multiplication probable des cas de chikungunya, de dengue ou de virus Zika dans les années à venir. La présence accrue des moustiques explique en partie ce phénomène.

Zika, dengue, chikungunya : quelle est la situation en France ?

Dans les territoires ultramarins, certaines maladies tropicales sont courantes. "Les territoires tropicaux français sont confrontés de manière récurrente à la dengue et à des vagues épidémiques de Zika et chikungunya, rappellent ces experts. (… ) Les moustiques vecteurs, particulièrement adaptés aux environnements urbains, y sont très abondants, dans les territoires ultra marins et souvent résistant aux insecticides." Mais depuis plusieurs années, les insectes vecteurs sont aussi présents en métropole. "Depuis 2010, le nombre de départements métropolitains colonisés par ces moustiques a été multiplié par 10", indique le COVARS.

Le rapport cible notamment les moustiques tigres, appelés Aedes albopictus, et Aedes aegypti, responsables d’arborviroses, le nom donné aux maladies virales transmises par un vecteur comme le moustique, dont chikungunya ou la dengue. "Le nombre de cas d’arboviroses importés en métropole, en particulier avec l’augmentation des voyages, a été multiplié par 4,5 entre 2015 et 20196 et la métropole a connu 65 cas de dengue autochtone pendant l’été 2022", précisent les auteurs du texte. Les cas autochtones correspondent à la situation suivante : "Quand une personne n'a pas voyagé dans les 15 jours précédant ses signes cliniques et s'est contaminée à partir d'un moustique local, qui s'était lui-même infecté en piquant une personne virémique, de retour de voyage en zone endémique", explique Santé Publique France.

Moustique tigre et maladies tropicales en hausse dans les prochaines années 

Selon le COVARS, il faut s’attendre à une augmentation des cas en métropole au cours des prochains étés. Les deux raisons principales sont le réchauffement climatique et les jeux olympiques. Dans le premier cas, la modification du climat aura un impact sur les moustiques, sur les virus qu’ils transportent et sur nos comportements. "En Europe, Le changement climatique, conjugué aux autres facteurs de changement global, favorisera l’expansion d’Aedes albopictus, mais possiblement aussi celle d’Aedes aegypti", indiquent les auteurs du rapport. La hausse des températures moyennes pourrait aussi entraîner des modifications de nos habitudes : "Les humains peuvent passer plus de temps dehors, dans les parcs boisés, se vêtir avec des vêtements plus légers, moins protecteurs contre les piqûres de moustiques."

Mais les scientifiques s’inquiètent aussi de l’augmentation des voyages internationaux, qui favorise "l’importation des virus de zones endémiques ou épidémiques". En France, la perspective des Jeux Olympiques de 2024 est aussi source d’inquiétude : "La conjonction prochaine de grands évènements sportifs internationaux en métropole pendant la saison estivale, engendrant d’importantes migrations de populations venant du monde entier renforce les risques de survenue de foyers de dengue, Zika et chikungunya."

Maladie tropicale : la nécessité de se préparer à un futur problème de santé publique 

Pour le COVARS, la France dispose d’un système de surveillance, de détection, de gestion de la dengue, Zika et chikungunya "performant", mais le pays doit renforcer ses capacités à réagir pour mieux contrôler les cas. Selon eux, les maladies liées à ces moustiques "pourraient devenir des problèmes de santé publique en métropole" dans les années à venir.