ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > TDAH : une nouvelle étude suggère que les microbes intestinaux jouent un rôle

Microbiote

TDAH : une nouvelle étude suggère que les microbes intestinaux jouent un rôle

Par Mégane Fleury

La composition du microbiote intestinal pourrait avoir un impact sur le risque de trouble du déficit de l’attention et de l’hyperactivité chez l’enfant. 

image_jungle/istock
Le trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité, se manifeste par de l’impulsivité, des difficultés de concentration et de l’inattention.
Selon une nouvelle étude, la composition du microbiote intestinal peut avoir un impact sur le risque de TDAH.
Cela pourrait être lié au passage de certaines bactéries dans le sang, responsables de l’inflammation cérébrale.

Le trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité (TDAH), est caractérisé par des difficultés de concentration, de l’impulsivité et de l’agitation. Les premiers symptômes apparaissent pendant l’enfance et peuvent évoluer ensuite. D’après l’Inserm, ce trouble est lié à une "accumulation de facteurs génétiques et environnementaux", comme l’exposition in utero à l’alcool, une naissance prématurée ou avec un faible poids. Mais selon une nouvelle étude parue dans Journal of Child Psychology and Psychiatry, la composition du microbiote intestinal pourrait aussi avoir un impact sur le risque de TDAH chez l’enfant. 

TDAH : pourquoi s’intéresser au microbiote intestinal ?

"Le tractus gastro-intestinal humain héberge une grande population de micro-organismes tels que des bactéries, des virus et des champignons", rappellent les auteurs de cette étude, des chercheurs taïwanais. Ceux-ci peuvent avoir différents impacts sur la santé humaine et ont "un rôle dans les fonctions digestives, métaboliques, immunitaires et neurologiques", précise l’Inserm. "En conséquence, la dysbiose, c’est-à-dire l’altération qualitative et/ou fonctionnelle du microbiote intestinal, est une piste sérieuse pour expliquer certaines maladies, notamment parmi celles sous-tendues par des mécanismes auto-immuns ou inflammatoires", explique l’organisme de recherche français. Dans cette étude, les scientifiques taïwanais se sont précisément intéressés aux liens entre dysbiose et TDAH.

Microbiote intestinal et TDAH : des différences dans les niveaux de certains microbes intestinaux

Les chercheurs ont donc comparé les échantillons fécaux de 35 enfants atteints de TDAH et de 35 témoins sains. Ils ont constaté que les échantillons d'enfants atteints de TDAH présentaient des niveaux plus élevés de certaines espèces de champignons et des niveaux plus faibles d'autres espèces. "Le groupe TDAH présentait une abondance significativement plus élevée d'Ascomycota et une abondance significativement plus faible de Basidiomycota que le groupe témoin sain, précisent-ils. Au niveau du genre, l'abondance de Candida (en particulier Candida albicans) a été significativement augmentée chez les patients atteints de TDAH par rapport aux témoins sains."

TDAH : quel lien avec la composition du microbiote intestinal ?

Dans un second temps, les scientifiques ont réalisé des expériences avec des cellules cultivées en laboratoire. La présence en abondance de Candida albicans dans les échantillons des enfants atteints de TDAH a augmenté la "perméabilité des cellules qui tapissent l’intestin". "Cela pourrait créer un ‘intestin qui fuit’ qui permet aux bactéries de pénétrer dans la circulation sanguine, entraînant éventuellement une inflammation dans tout le corps et le cerveau", estiment les auteurs de l’étude. Cette inflammation pourrait être l’une des explications à l’apparition du TDAH. En France, ces troubles concernent environ 5,9 % des moins de 18 ans et 2,8 % des adultes.