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Ouïe

Surdité précoce : la santé auditive des moins de 10 ans "gravement menacée"

Par Geneviève Andrianaly

À l’occasion de la Journée Nationale de l’Audition, ce 9 mars, une nouvelle enquête alerte sur les dangers du bruit et de la pollution sonore chez les tout-petits.

Marija Stepanovic/iStock
Environ 1,3 million des moins de 10 ans ont déjà consulté un médecin ORL pour des acouphènes.
Pour 56 % des parents, les troubles auditifs ont été alertés par leur tout-petit.
40 % d’entre eux déclare que leur enfant écoute de la musique en utilisant des écouteurs ou un casque durant 1 à 4 heures par jour.

"L’audition est le socle du développement du langage, de la socialisation et des apprentissages", indique le Pr. Jean-Luc Puel, président de l’Association JNA, dans un communiqué. Selon une enquête, réalisée à l’occasion de la 26ème édition de la Journée Nationale de l’Audition, les oreilles des enfants, qui sont beaucoup plus fragiles que celles des adultes, sont en danger. Plus précisément, chez les moins de 10 ans, cet organe de l'ouïe serait "gravement menacé" de surdités précoces.

Une perte auditive diagnostiquée pour 25 % des enfants de moins de 10 ans

D’après le sondage, environ 1,3 million d’enfants ont déjà consulté un médecin ORL pour des sifflements dans les oreilles, soit des acouphènes. Ce trouble concerne surtout les enfants de plus de 5 ans (18 %), ceux d’ouvriers (19 %), les Franciliens (23 %) et les tout-petits utilisant quotidiennement un casque ou des écouteurs (28 %). Autre chiffre alarmant : près de 660.000 enfants de moins de 10 ans, qui se sont rendus chez un médecin ORL, se sont vus diagnostiquer une perte auditive moyenne à sévère.

Bruit et pollution sonore : 30 % des parents disent que leur enfant s’en est déjà plaint

L’Association JNA révèle que les troubles auditifs justifiant la consultation d’un ORL sont surtout soulevés par l’entourage proche ou par un professionnel de santé. Dans le détail, 41 % des parents ont été alertés par un professionnel de santé, 23 % par une personne de son entourage familial ou amical, 19 % par l’enseignant de leur enfant et 18 % par une personne le gardant ou par le personnel de la crèche. D’après les résultats, l’enfant joue un rôle important dans la détection des problèmes auditifs, car la majorité des parents (56 %) ont été avertis par celui-ci. "Environ un tiers de l’ensemble des parents affirme que leur enfant se plaint du bruit et des nuisances sonores, un chiffre qui augmente avec l’âge de l’enfant."

L’utilisation de casque ou d’écouteurs, un facteur aggravant les risques de troubles auditifs

Parmi les parents interrogés, 40 % affirment que leur enfant écoute de la musique en utilisant des écouteurs ou un casque durant une à quatre heures par jour. "Les parents dont l’enfant est concerné mentionnent bien plus les plaintes de celui-ci à l’égard du bruit et des nuisances sonores et le diagnostic d’une perte auditive moyenne à sévère", peut-on lire dans l’enquête.

Autre facteur augmentant les risques de problèmes auditifs : grandir dans une famille monoparentale. Le sondage signale que les parents élevant leur enfant dans un foyer monoparental sont bien plus nombreux à indiquer que ce dernier se plaint du bruit et des nuisances sonores. De plus, 57 % témoignent de l’utilisation de casque ou d’écouteurs chez leur enfant, contre 38 % dans les foyers avec deux parents. Conséquence : "les parents dans un foyer monoparental sont surreprésentés à avoir consulté un médecin ORL pour leur enfant".

Audition des enfants : moins d’1 parent sur 2 s’estime bien informé sur le sujet

Selon le sondage, une minorité de parents, soit 49 %, considère être bien informée sur les enjeux de surdité et d’acouphènes chez leur enfant et seuls 29 % connaissent les dispositifs mis en place par les pouvoirs publics en la matière. Cependant, plusieurs parents reconnaissent que le bruit et les nuisances sonores ont des répercussions négatives sur différents aspects de la vie de leur progéniture : sa fatigue (pour 55 % d’entre eux), son sommeil (47 %), sa nervosité et son agressivité avec les autres (44 %), son niveau de stress (43 %), son apprentissage des leçons (44 %) ou encore son utilisation des écrans (42 %).

D’après les conclusions, 76 % des parents estiment que les pouvoirs publics doivent faire de l’audition une grande cause nationale de santé publique. Ils souhaitent mettre en place des campagnes d’incitation au dépistage des troubles auditifs. "Nous espérons que les pouvoirs publics, et notamment le Ministre de la Santé et de la Prévention prendra pleinement conscience" de l’importante de l’audition des enfants, conclut le Pr. Jean-Luc Puel.