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Neuroscience

Des “super neurones” permettent à des personnes âgées de conserver une meilleure mémoire

Par Margot Montpezat

L’étude post-mortem de cerveaux de personnes âgées de 80 ans et plus, dotées d’une mémoire exceptionnelle, révèle des neurones beaucoup plus gros dans la région du cerveau responsable de la mémoire, ce qui permet de comprendre comment et pourquoi certains résistent à la maladie d'Alzheimer.

Ridofranz/iStock
La maladie d'Alzheimer est une maladie neuro dégénérative caractérisée par une perte progressive de la mémoire et de certaines fonctions intellectuelles conduisant à des répercussions dans les activités de la vie quotidienne.
55,2 millions de personnes sont atteintes de la maladie d'Alzheimer ou d'une maladie apparentée dans le monde selon l'OMS.

Vieillesse ne rime pas toujours avec perte de la mémoire, au contraire! En effet, certaines personnes âgées de 80 ans ou plus conservent une capacité exceptionnelle à se souvenir des informations... Elle peut même être supérieure à celle des jeunes âgés de 20 à 30 ans.

Des chercheurs de la Northwestern Medicine aux Etats-Unis se sont penchés sur cette question et ont découvert que ces personnes présentent des "super neurones" dans la zone du cerveau responsable de la mémoire. Appelée cortex entorhinal, cette zone est l'un des premiers endroits ciblés par la maladie d'Alzheimer.

Ces "super neurones" sont présents dès la naissance dans le cerveau 

D’après l’étude publiée dans The Journal of Neuroscience, ces "super neurones" sont plus grands, plus sains et sont relativement dépourvus d'enchevêtrements de tau, une caractéristique de la maladie d'Alzheimer.

Ces neurones sont une vraie signature biologique concluent les auteurs : 

"L'observation remarquable selon laquelle ces personnes présentaient des neurones plus gros que leurs pairs lorsqu'ils étaient plus jeunes peut impliquer que les grandes cellules étaient présentes dès la naissance et se sont maintenues structurellement tout au long de leur vie", a déclaré l'auteure principale Tamar Gefen, professeure adjointe de psychiatrie et de sciences du comportement à l'école de médecine Feinberg de l'université Northwestern.

Pour mener leurs travaux, les scientifiques ont examiné le cerveau post-mortem de treize personnes personnes âgées de 80 ans ou plus (six avaient une mémoire exceptionnelle et sept étaient dans la moyenne cognitive), de six personnes jeunes et de cinq personnes présentant les premiers stades de la maladie d'Alzheimer.

Ils ont ensuite mesuré la taille des neurones de la couche II du cortex entorhinal. Cette couche en particulier reçoit les informations des autres centres de la mémoire et constitue une plaque tournante très spécifique et cruciale du circuit de la mémoire dans le cerveau. Ils ont également mesuré et comparé la présence d'enchevêtrements de tau dans ces neurones.

Les enchevêtrements Tau sont un marqueur biologique d'Alzheimer

Leurs résultats suggèrent qu'un neurone épargné par la formation d'enchevêtrements Tau peut maintenir son intégrité structurelle, c'est-à-dire rester sain et grand. L'inverse semble également vrai : les enchevêtrements Tau peuvent entraîner un rétrécissement des neurones, ce qui semble constituer un marqueur caractéristique de la maladie d’Alzheimer où les capacités de mémoire à un âge avancé sont médiocres.

"L'identification de ce facteur contributif (et de tous les facteurs contributeurs) est cruciale pour l'identification précoce de la maladie d'Alzheimer, le suivi de son évolution et l'orientation du traitement" conclu Tamar Gefen.