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Cerveau

Entendre des insultes revient à recevoir des "mini gifles" !

Par Geneviève Andrianaly

Les commentaires négatifs et les injures provoquent des dommages émotionnels au cerveau.

Bojan89/iStock
Les mots ont un rôle important à jouer dans les relations entre les êtres humains, car ce sont des outils utilisés pour comprendre le comportement interpersonnel.
Contrairement aux insultes, les compliments ont suscité un effet P2 moins fort.

"Les gens s’habituent-ils au langage insultant ?" C’est la question que se sont posée des chercheurs néerlandais. D’après eux, les insultes vont à l'encontre de l’idée de ne pas faire de mal à autrui et constituent également une menace pour la réputation d'une personne. "En tant que telles, ces 'gifles verbales' offrent une occasion unique d'explorer l'interface entre le langage et les émotions", ont indiqué les scientifiques.

L’impact des mots

Pour examiner cette interface, ils ont réalisé une étude publiée dans la revue Frontiers in Communication. Afin de mener à bien les travaux, les auteurs ont recruté 79 personnes. Ils leur ont mis des électrodes d'électroencéphalographie (EEG) et de conductance cutanée. Les participants ont ensuite lu une série d’insultes (telles que "Linda est une idiote" ou "Paula est horrible"), de commentaires positifs (comme, "Linda est un ange" ou "Paula est impressionnante") et de descriptions factuelles neutres (par exemple, "Linda est une étudiante").

Afin d’analyser si l'impact des mots dépendait de la personne évaluée, la moitié des trois séries de déclarations indiquait le nom du participant, et l'autre moitié celui d'une autre personne. L'expérience n'impliquait aucune interaction réelle entre les volontaires et un autre être humain. Les participants ont été informés que les déclarations étaient prononcées par trois hommes différents.

Une insulte nous atteint toujours

D’après les résultats, les insultes peuvent toujours nous atteindre, peu importe son auteur, et continuer à le faire même après des répétitions. Plus précisément, les enregistrements d’EEG ont montré un effet d'insulte précoce dans l'amplitude P2, à savoir une composante liée aux événements mesurée au niveau du cuir chevelu. "Cet effet P2 indique une capture très rapide et stable de l'attention émotionnelle", peut-on lire dans l’étude. Selon les chercheurs, les enregistrements de la conductivité cutanée ont montré que les insultes n'entraînaient pas une plus grande excitation que les compliments.

Des "mini gifles lexicales"

"Dans l'ensemble, nos résultats suggèrent que les insultes donnent des ‘mini gifles’ lexicales, de sorte que les mots fortement négatifs lus par un participant, attirent automatiquement l'attention pendant la récupération lexicale, quelle que soit la fréquence de cette récupération", ont expliqué les scientifiques dans un communiqué. Les recherches ont révélé une sensibilité accrue de notre cerveau aux mots négatifs par rapport aux mots positifs. Une insulte capte immédiatement l'attention de notre cerveau, car la signification émotionnelle des insultes est récupérée dans la mémoire à long terme.