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Covid-19

Covid long : des caillots sanguins à l'origine de la persistance des symptômes ?

Par Jean-Guillaume Bayard

Chez les patients souffrant de symptômes persistants suite à une infection, des molécules inflammatoires se retrouveraient piégées à l'intérieur de caillots sanguins et pourraient être les déclencheurs des Covid longs.

Chaimongkol Khumkhotsoong/iStock
Les chercheurs ont relevé des niveaux élevés d'alpha 2-antiplasmine dans le sang qui empêchent l'organisme de décomposer les caillots.
Le système plasmine-antiplasmine, qui maintient un équilibre fin entre la coagulation du sang et la fibrinolyse, se trouve déséquilibré.
Cette découverte confirme que la Covid-19, et les Covid longs, présentent d'importantes pathologies cardiovasculaires et de coagulation.

Une part importante des patients infectés par le SARS-CoV-2 finit par développer des symptômes qui persistent dans le temps pour provoquer des Covid longs. L’élément déclencheur reste encore un mystère, bien que des chercheurs aient supposé que cela soit dû à la réactivation du virus d’Epstein-Barr (EBV), responsable de la mononucléose, qui est dormant chez quasiment tous les adultes. Une nouvelle recherche, publiée le 23 août dernier dans la revue Cardiovascular Diabetology, des scientifiques sud-africains de l’université de Stellenbosch ont identifié la présence de caillots sanguins chez les patients Covid longs et estiment qu’ils peuvent être à l’origine de la persistance des symptômes.

Une découverte inattendue

La découverte de caillots sanguins chez les patients souffrant de Covid longs a été qualifiée d'“inattendue” par Resia Pretorius, chercheuse au département des sciences physiologiques de l'université de Stellenbosch. Celle-ci s’est faite alors qu’elle examinait les microcaillots, qui sont des caillots sanguins microscopiques insolubles, et leur contenu moléculaire dans des échantillons de sang d'individus atteints de Covid long. “Nous avons trouvé des niveaux élevés de diverses molécules inflammatoires piégées dans des micro-caillots présents dans le sang des personnes atteintes de Covid long”, a-t-elle déclaré.

Plus précisément, elle s’est rendue compte que “certaines des molécules piégées contiennent des protéines de coagulation telles que le fibrinogène, ainsi que l'alpha 2-antiplasmine.” Cette molécule empêche la dégradation des caillots sanguins, tandis que le fibrinogène est la principale protéine de coagulation. Dans des conditions normales, le système plasmine-antiplasmine du corps maintient un équilibre fin entre la coagulation du sang, le processus qui permet d’empêcher la perte de sang après une blessure, et la fibrinolyse, qui est le mécanisme de décomposition de la fibrine dans le sang coagulé pour empêcher la formation de caillots sanguins. Chez les patients souffrant de Covid long, les niveaux élevés d'alpha 2-antiplasmine dans le sang empêchent la capacité du corps à décomposer les caillots.

Un déséquilibre plasmine - antiplasmine

Cette découverte s’est faite après que les chercheurs aient noté que les échantillons de plasma sanguin des patients Covid longs continuaient de déposer des pastilles insolubles au fond des tubes. “La présence simultanée de microcaillots anormaux persistants et d'un système fibrinolytique pathologique est particulièrement intéressante, notent les chercheurs. Cela implique que l'équilibre de la plasmine et de l'antiplasmine peut être au cœur des pathologies de Covid long, et fournit une preuve supplémentaire que la Covid-19, et donc maintenant les Covid longs, présentent d'importantes pathologies cardiovasculaires et de coagulation.”

Les chercheurs ont annoncé vouloir tester cette découverte sur un plus grand échantillon de patients. Pour l’instant, ils ont confirmé la présence de caillots sanguins chez une centaine de personnes souffrant de Covid long.