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Bilan mondial

8,5 millions de décès : le bilan de la HTA bien plus dramatique que celui de la Covid

Par Jean-Guillaume Bayard

Le nombre de personnes de plus de 30 ans souffrant d'hypertension artérielle a doublé au cours des trente dernières années pour et plus de la moitié d'entre elles ne sont pas traitées pour cela.

Ivan-balvan/iStock
Le nombre de personnes souffrant d'hypertension artérielle a doublé en trente ans, passant de 648 millions en 1990 à près de 1,3 milliard en 2019.
Parmi elles, environ 720 millions ne prennent pas de traitement.
Agir directement contre l’hypertension pourrait permettre de réduire de 20 à 25% le nombre d'attaques cardiaques et de 35 à 40% celui d'accidents vasculaires cérébraux.

L’hypertension artérielle est un problème de santé qui ne cesse de grossir. Une étude, réalisée par des chercheurs de l'Imperial College de Londres et parue ce mardi 24 août dans la revue The Lancet, estime que plus de 1,3 milliard de personnes dans le monde sont concernées par une pression sanguine élevée. À cela s’ajoute le fait que plus de la moitié d’entre elles ne prennent pas de traitement, ce qui les expose à de graves problèmes cardiovasculaires. Résultat, cela causerait chaque année plus de 8,5 millions de décès.

Deux fois plus de personnes concernés

Il s’agit d’une étude mondiale à grande échelle, commandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dont les résultats apparaissent dramatiques. “Nous avons utilisé des données de 1990 à 2019 sur des personnes âgées de 30 à 79 ans provenant d'études représentatives de la population avec mesure de la pression artérielle et données sur le traitement de la pression artérielle”, révèle Majid Ezzati, spécialiste de la santé mondiale à l'Imperial College de Londres et auteur principal de l’étude. Les chercheurs ont examiné des données couvrant 184 pays.

Les chercheurs ont défini l’hypertension “comme une tension artérielle de 140 mm Hg ou plus, une pression artérielle diastolique de 90 mm Hg ou plus, ou par la prise de médicaments contre cette affection”, précise Majid Ezzati. “L'hypertension augmente significativement le risque de maladies du cœur, du cerveau et des reins, et est l'une des causes majeures de décès et de maladies dans le monde”, rappelle l’OMS.

720 millions de patients ne prennent pas de traitement

Les résultats ont révélé que le nombre de personnes souffrant d'hypertension artérielle a doublé en trente ans, passant de 648 millions en 1990 à près de 1,3 milliard en 2019. Parmi elles, environ 720 millions ne prennent pas de traitement. Les auteurs appuient ce dernier point, en insistant sur le fait qu’il existe de nombreux traitements contre ce problème et qu’une alimentation plus saine et de l'exercice permettent d’améliorer le sort de nombreux patients.

Tous les pays ne sont pas touchés de la même manière par cette recrudescence du nombreux de patients hypertendus. De nombreux pays à revenu élevé, comme le Canada, la Suisse, le Royaume-Uni ou l'Espagne ont signalé un niveau historiquement bas de personnes souffrant d'hypertension contrairement   des pays à plus revenu faible comme le Paraguay et des pays d'Europe centrale comme la Hongrie, la Pologne et la Croatie. “La prévalence de l'hypertension était la plus élevée en Europe centrale et orientale, en Asie centrale, en Océanie, en Afrique australe et dans certains pays d'Amérique latine et des Caraïbes”, assurent les auteurs de l’étude.

Des tendances mondiales préoccupantes

Agir directement contre l’hypertension pourrait permettre de réduire de 20 à 25% le nombre d'attaques cardiaques et de 35 à 40% celui d'accidents vasculaires cérébraux, jugent les auteurs. Cela souligne l’importance d’avoir une bonne hygiène de vie. Pour traiter ou prévenir l'hypertension, il faut manger moins salé et plus de fruits et légumes, avoir une activité physique régulière, éviter le tabac et réduire sa consommation d'alcool.

La pandémie de maladie cardiovasculaire a reçu moins d'attention au cours des 18 derniers mois, mais reflète les tendances mondiales préoccupantes en matière de choix de vie malsains tels que la consommation élevée de graisses, de sucre, de sel et d'alcool, les modes de vie sédentaires avec évitement de l'exercice et le tabagisme, qui conduisent tous à une pression artérielle plus élevée et à des taux de mauvais cholestérol qui endommagent les vaisseaux sanguins qui alimentent le cœur et le cerveau”, a conclu Robert Storey, professeur de cardiologie à l'Université de Sheffield qui n'a pas participé à l'étude.