ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Hyperactivité de l’enfant : un nouveau médicament autorisé aux États-Unis

TDAH

Hyperactivité de l’enfant : un nouveau médicament autorisé aux États-Unis

Par Jean-Guillaume Bayard

L’agence de régulation américaine vient d’autoriser la viloxazine, une molécule habituellement utilisée contre la dépression, pour traiter le trouble du déficit de l'attention de l’enfant (TDAH).

KatarzynaBialasiewicz/iStock
La viloxazine n’est pas un stimulant mais bloque l'absorption de la noradrénaline, une substance chimique excitatrice du cerveau.
Une étude clinique de phase 3 a montré que les symptômes d'inattention et d'hyperactivité ont été réduits d'environ 50% chez les enfants, parfois au bout d'une semaine seulement.
Les effets secondaires rapportés sont la somnolence, la léthargie, la diminution de l'appétit et les maux de tête.

C’est une première depuis dix ans. Une nouvelle molécule a été autorisée vendredi dernier aux États-Unis par la FDA (Food Drug and Administration), l’agence de régulation américaine, pour traiter le trouble du déficit de l'attention (TDAH) de l’enfant. Il s’agit de la viloxazine, une molécule habituellement utilisée contre la dépression, et vendue sous le nom de son médicament, Qelbree. Celle-ci a été vendue pendant de très longues années en Europe pour traiter les épisodes dépressifs majeurs mais n’a jamais été approuvée par la FDA et a d'ailleurs été retirée du marché mondial en 2005.

Des symptômes réduits après une semaine

Cette molécule, qui se présente sous la forme d’une capsule à prendre quotidiennement, n’est pas un stimulant ni une substance placée sous contrôle, contrairement à presque tous les autres médicaments contre le TDAH. Sur le plan pharmacologique, il s'agit d'un antidépresseur dit non tricyclique, un inhibiteur de la recapture de la noradrénaline, ce qui signifie qu'elle bloque l'absorption de la noradrénaline, une substance chimique excitatrice du cerveau. “Il pourrait également être une option pour les enfants qui ont des problèmes de dépendance, qui n'aiment pas les effets secondaires des stimulants ou qui ont besoin d'une thérapie supplémentaire”, a estimé le Dr David W. Goodman, et professeur adjoint de psychiatrie à la Johns Hopkins School of Medicine, à l’Associated Press, l’agence de presse américaine. Le Qelbree comporte une mise en garde contre le risque de pensées et de comportements suicidaires, qui est apparu chez moins de 1 % des volontaires ayant participé aux études sur le médicament.

L’essai clinique de phase 3, publié le 25 juillet 2020 dans la revue Clinical Therapeutics, a montré que les symptômes d'inattention et d'hyperactivité ont été réduits d'environ 50%. Celui-ci a réuni 477 enfants âgés de 6 à 11 ans qui ont pris le médicament pendant six semaines. Chez certains de ces enfants les symptômes ont été réduits au bout d’une semaine seulement. Les effets secondaires rapportés sont la somnolence, la léthargie, la diminution de l'appétit et les maux de tête. D’autres tests sont actuellement en cours pour étudier les effets de ce médicament sur les adultes.

Un jeune américain sur dix concerné

Selon une étude française publiée en octobre 2020, seuls 0,3% des enfants français sont atteints de troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), un chiffre très éloigné de celui des Etats-Unis, où 9% des jeunes seraient victimes de ce problème de santé, décrit par certains spécialistes comme une véritable épidémie”.

“Malgré des décennies de recherche, il n’existe à l’heure actuelle aucun marqueur biologique ni aucun test permettant d’identifier ou de confirmer le diagnostic d’hyperactivité. La prévalence de l’hyperactivité/TDAH fait donc l’objet d’intenses débats au niveau international", écrivait l’année dernière Sébastien Ponnou, auteur de l’étude, psychanalyste et maître de conférences à l’université de Rouen-Normandie." En France, la seule étude disponible pointe un taux de prévalence du TDAH de 3,5 à 5,6 % des enfants âgés de 6 à 12 ans. Les auteurs estiment également que 3,48% des 6–12 ans sont traités par psychostimulant. Notre article s’appuie sur les données de l’Assurance maladie pour discuter ces résultats”, expliquait le spécialiste.