ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Coronavirus : doit-on vraiment avoir peur de la rentrée ?

Covid-19

Coronavirus : doit-on vraiment avoir peur de la rentrée ?

Par Jean-Guillaume Bayard

Depuis fin juillet, le nombre de cas positifs à la Covid-19 augmente et s’accompagne depuis peu d’une légère hausse du nombre d’admissions en hospitalisation, tandis que le nombre de morts reste faible.

Julien Viry/iStock
La hausse du nombre de tests ne peut justifier à elle seule l'augmentation du nombre de cas : la proportion de personnes positives est passé d’environ 1 % par semaine en moyenne à la fin du mois de juin à plus de 3 % à la fin du mois d’août.
Les admissions à l’hôpital et en réanimation “commencent doucement mais sûrement à remonter”, a commenté Jean Castex.
Pour éviter que les jeunes, qui sont les plus infectés, contaminent les plus âgés le gouvernement a durci les mesures barrière.

À quelques jours de la rentrée, le nombre de personnes testées positives à la Covid-19 retrouve un niveau comparable au mois d’avril dernier. En chiffre, cela se traduit depuis la fin du mois de juillet par six fois plus de cas positifs que le mois précédent. Entre le 10 et le 16 août, ce sont 43% de cas supplémentaires par rapport à la semaine précédente qui ont été enregistrés. Cette recrudescence concerne principalement les moins de 40 ans, dont la part d’asymptomatiques est plus élevée et où les complications sont plus rares. “Le virus circule quatre fois plus chez les moins de 40 ans que chez les plus de 65 ans”, a confirmé le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans un entretien au Jounal du dimanche.

L’augmentation des tests n’explique pas tout 

Cette hausse du nombre de cas positifs s’explique mécaniquement par l’augmentation du nombre de tests de dépistage : plus on teste, plus on détecte de nouveaux cas. Au début de l’épidémie, seuls les malades présentant des symptômes se faisaient tester. Une étude de l’Inserm publiée le 10 juillet dernier a révélé que moins d’un cas sur 10 était alors décelé. Toutefois, l’amplification du nombre de tests ne peut à elle seule justifier la hausse du nombre de cas. “L’extension des tests n’explique pas tout, confirme Jean-Paul Stahl, professeur d’infectiologie au CHU de Grenoble, à Pourquoi docteur. On dépiste beaucoup les plus jeunes qui sont ceux qui ont le moins de risque de développer des formes graves de la maladie.

Depuis la fin du mois de juillet, les admissions à l’hôpital et en réanimation “commencent doucement mais sûrement à remonter”, a commenté le premier ministre, Jean Castex, lors de sa conférence de presse de jeudi 27 août. “Pendant près de deux mois, je n’ai eu aucune nouvelle hospitalisation de patients infectés par la Covid-19, témoigne Jean-Paul Stahl. Là, ça repart avec près de 3 nouvelles admissions par semaine.” La proportion de personnes positives a sensiblement augmenté, passant d’environ 1 % par semaine en moyenne à la fin du mois de juin à plus de 3 % à la fin du mois d’août. Selon le dernier point épidémiologique de Santé publique France daté du 20 août dernier, l’augmentation de l’incidence (+42%) et le taux de positivité (+42%) poursuivent leur augmentation avec un taux de dépistage stable depuis 2 semaines. 

Un mois de septembre “à risque”

La fin des vacances et le retour des plus jeunes auprès de leur famille, entreprise ou école, font craindre une contamination des personnes plus âgées qui sont les plus susceptibles de développer des formes graves de la maladie. “Il y a une population de contagieux qui se constitue et qui finira par déborder sur les personnes plus âgées”, s’alarme Jean-Paul Stahl. Dans ce contexte, ce dernier classe le mois de septembre comme “à risque”. De plus, il y a toujours un décalage entre la hausse des cas et les hospitalisations en raison des délais d’incubation. “Il y a en moyenne environ trois à quatre semaines entre la contamination et le décès”, précise Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie des maladies infectieuses à l’université de Montpellier, au journal Le Monde. Il faut compter environ 14 jours entre la contamination et l’hospitalisation puis entre 8 et 16 jours avant l’éventuel décès.

Pour lutter contre cette transmission vers les populations plus fragiles, le gouvernement durcit les mesures barrière. À partir de la semaine prochaine, le masque devient obligatoire dans les entreprises et dans les écoles pour les professeurs et les élèves à partir du collège. Dix-neuf nouveaux départements ont rejoint Paris et les Bouches-du-Rhône en zone rouge de circulation active du virus. Dans ces territoires, plusieurs mesures restrictives peuvent être imposées par les préfets, comme l’obligation de porter un masque ou la fermeture anticipée des bars et restaurants. Les tests de dépistage seront amplifiés : le gouvernement a annoncé la volonté d’effectuer un million de tests hebdomadaires dès septembre.

Des vaccins espérés en fin d'année pour Oxford, au premier trimestre 2021 pour Sanofi

Si pour l’instant, aucun signe ne montre l’arrivée d’une deuxième vague de même ampleur qu’aux mois de mars et avril dernier, les hôpitaux se tiennent prêts. Au total, ce sont 12 000 lits en réanimation qui sont disponibles, une capacité qui représente “deux fois plus de patients” que le nombre maximal atteint en avril, a précisé le premier ministre. Les stocks de médicaments sont eux aussi remplis et sont “en mesure d’en fournir à 29 000 malades”. “Nous avons anticipé et sécurisé nos capacités de réponse, qu'il s'agisse des stocks de masques, de gants, de médicaments, de respirateurs”, a ajouté Olivier Véran. À cela s’ajoute une meilleure connaissance du virus et de sa prise en charge. “Cela joue vraisemblablement en partie, confirme sur ce point l’épidémiologiste Ségolène Aymé au MondeOn a fait des progrès dans la prise en charge des patients au début de la maladie, mais nous sommes incapables pour l’heure d’en mesurer les bénéfices précisément.”

En attendant un vaccin, “il faut s’habituer à vivre avec le virus qui ne va pas disparaître, souffle Jean-Paul Stahl. Le risque perdure et tout le monde a une responsabilité en sachant que le risque zéro n’existe pas.” La période hivernale qui s’annonce est certes moins propice à la sociabilité mais “avec le froid, on vit plus à l’intérieur, ce qui augmente l’état de risque”, précise l'infectiologue. Le directeur du centre de recherche sur les vaccins Oxford Vaccine Group, Andrew Pollard, a déclaré que le vaccin développé par l’université — en partenariat avec le groupe pharmaceutique AstraZeneca — pourrait faire une demande d’autorisation de mise sur le marché dès cette année. De son côté, l’entreprise française Sanofi espère commercialiser un vaccin “à la fin du premier trimestre 2021”, espère le président de Sanofi France, Olivier Bogillot, au micro d’Europe 1.