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Microbiote

Infections nosocomiales : le régime alimentaire joue sur la guérison

Par Johanna Hébert

Selon une nouvelle étude, un régime alimentaire riche en glucides mais pauvre en matières grasses et en protéines permettrait de mieux lutter contre les infections nosocomiales contractées à l’hôpital.

bit245/iStock

Adopter un régime alimentaire pauvre en glucides mais riche en graisses et en protéines s’avère efficace pour le cerveau, voire pour certaines maladies chroniques. Sans oublier le tour de taille. Cependant, une nouvelle étude démontre qu’à l’inverse, un régime riche en glucides mais pauvre en protéines et en graisses peut aider à lutter contre l’infection Clostridioides difficile (C. diff), une infection nosocomiale qu’il est donc possible de contracter à l’hôpital, dans un établissement de santé. Les résultats de ces travaux sont publiés dans la revue mSystems appartenant à l’American Society for Microbiology.

Plusieurs régimes testés

Ainsi, les chercheurs ont constaté sur des souris que l’administration d’antibiotiques, couplée à une alimentation riche en graisses et en protéines empiraient l’infection. Au contraire, les symptômes avaient tendance à disparaitre avec un régime alimentaire riche en glucides et pauvre en graisses et en protéines. “Le microbiote intestinal est fortement affecté par le régime alimentaire, mais la communauté scientifique qui s’est intéressée à l’infection C. diff n’est pas encore arrivée à un consensus à propos des effets du régime alimentaire sur son risque ou sa gravité. Notre étude permet de résoudre ce problème en testant plusieurs régimes alimentaires avec un contenu en macronutriments très différent, c’est-à-dire que l’équilibre des glucides, des protéines et des lipides était très varié”, détaille Brian Hedlund, microbiologiste à l’université du Nevada à Las Vegas (Etats-Unis) et co-auteur de l’étude.

Les antibiotiques ne sont pas les seuls responsables

Ces travaux soulignent donc l’importance du régime alimentaire, alors que de précédentes études estimaient que les antibiotiques étaient les seuls responsables du développement de cette infection nosocomiale. En effet, Clostridioides difficile est généralement contractée lorsque les antibiotiques ont éliminé toutes les “bonnes” bactéries dans l’intestin. En réalité, pour qu’une infection se développe, “vous pourriez avoir besoin de cette combinaison entre des bactéries protectrices supprimées par les antibiotiques et une alimentation qui favorise la prolifération de la maladie”, avance Brian Hedlund.

Un microbiote peu diversifié

Cependant, même si le régime riche en glucides semble protéger contre l’infection C. diff, les chercheurs ont observé qu’il donnait également naissance à la communauté de bactéries la moins diversifiée au sein du microbiote. “De nombreuses études estiment qu’une faible diversité microbienne est toujours une mauvaise chose, mais dans ce cas, elle a donné les meilleurs résultats sur la maladie”, estime Ernesto Abel-Santos, biochimiste et auteur de l’étude. Alors que ces travaux ont été menés uniquement sur des animaux, d’autres recherches doivent être menées sur les humains afin de mieux connaitre l’impact de ce type de régime sur la flore intestinale à long terme.