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Nutrition

Pour encourager votre enfant à manger sainement, montrez-lui des émissions culinaires

Par Raphaëlle de Tappie

Les enfants qui regardent des émissions culinaires ventant les mérites d'une alimentation équilibrée sont plus attirés par les produits sains. 

Sasiistock/iStock

Vous êtes fatigué de batailler avec votre enfant pour chaque bouchée de petits pois ? Une nouvelle étude pourrait bien vous aider à résoudre votre problème. D’après un papier paru dans le Journal of Nutrition Education and Behavior, les enfants qui regardent des émissions culinaires auraient davantage envie de consommer des aliments sains.  

Pour en arriver à cette conclusion, des chercheurs de l’université de Tilburg (Pays-Bas) ont suivi une centaine d’enfants âgés de 10 à 12 ans et scolarisés dans cinq établissements différents. Ils leur ont fait regarder un programme télévisé culinaire spécialement réalisé pour les enfants d’une durée de dix minutes. A la fin de la séance, ils ont offert aux participants une collation de “récompense”.

Ils ont ainsi pu constater que les enfants qui avaient regardé un programme ventant les mérites d’une alimentation saine étaient 2,7 plus susceptibles de manger des pommes ou des morceaux de concombre que de choisir des chips ou des bretzels, contrairement à ceux qui avaient visionnée une émission consacrée à la malbouffe.

“Fournir une éducation nutritionnelle en milieu scolaire”

“Lorsque l'émission porte sur des aliments sains, cela peut stimuler des choix alimentaires plus sains, surtout chez les enfants, qui sont susceptibles de développer des attitudes et des comportements malsains qui se manifestent à l'âge adulte et à l'adolescence”, estime Frans Folkvord, qui a mené l’étude.“Les résultats de cette étude indiquent que les programmes de cuisine peuvent être un outil prometteur pour promouvoir des changements positifs dans les préférences, les attitudes et les comportements alimentaires des enfants”, poursuit-il.  

Selon lui, avoir réalisé ce test dans un cadre scolaire renforce l’influence positive des programmes éducatifs sur la nutrition. “Fournir une éducation nutritionnelle en milieu scolaire peut avoir une influence positive importante sur les connaissances, les attitudes, les compétences et les comportements des enfants (…) un modèle positif de la part des pairs et des enseignants peut encourager les élèves à essayer de nouveaux aliments pour lesquels ils ont montré du dégoût auparavant”, déclare-t-il.

Et de conclure : “ces travaux indiquent qu'il est nécessaire que les recherches futures se concentrent sur l'efficacité des programmes de cuisine pour influencer les choix alimentaires à long terme, car ces stratégies contiennent un élément éducatif essentiel”.  

En France, 3,9% des enfants étaient obèses en 2015

L’obésité et le surpoids sont en pleine augmentation à travers le monde et constituent un véritable enjeu de santé public. En Europe, ils seraient responsables de 14% de la mortalité toutes causes confondues. En effet, ils exposent les personnes concernées à des maladies cardiovasculaires, articulaires, respiratoires et accroissent le risque de diabète et de certains cancers. Selon les études, si un enfant est obèse avant la puberté, il a 20 à 50% de risque de l’être à l’âge adulte. Le risque passe de 50 à 70% s’il souffre de cette maladie après la puberté.

Et malheureusement, l’Europe et la France comptent bien trop d’enfants et d’adolescents concernés. En France, en 2015, 3,9% étaient obèses et 17% des en surpoids (obésité incluse). Les filles étant légèrement plus touchées chez les garçons (18% contre 16%).

Ne pas associer la nourriture aux calories

Face à ce phénomène, les autorités sanitaires et les professionnels insistent sur le rôle des parents. “À la maison, l’enfant peut être encouragé à goûter un nouveau plat s’il voit son parent en manger. Un aliment peut être mélangé à des préparations pour faciliter son acceptation : des légumes dans un gratin de pommes de terre, par exemple”, écrit Sandra Ferreira diététicienne-nutritionniste, spécialisée dans l'obésité pédiatrique dans un article scientifique sur le sujet. La spécialiste rappelle également qu’il est “essentiel de ne pas forcer l’enfant, au risque de lui faire vivre le repas non comme un moment de plaisir mais commune punition”.  

“Il est possible de trouver des équivalences alimentaires : si l’enfant n’aime pas le yaourt, des petits-suisses, qui ont une texture plus épaisse, peuvent le remplacer. S’il n’apprécie pas la tomate, proposons-lui de la carotte ou changeons-en la forme pour la transformer en coulis servi sur des pâtes”, est-il suggéré. Elle insiste également l’importance de cuisiner et de faire les courses avec l’enfant afin de lui donner une chance de s’intéresser de lui-même aux aliments et de lui donner envie de bien manger.

En effet, il est bien plus efficace de donner envie à son enfant de manger équilibrer plutôt que de le forcer à manger équilibré sous prétexte qu’il va grossir.  Car “les restrictions alimentaires peuvent, à long terme provoquer chez l’enfant une restriction cognitive, qui consiste à manger sans tenir compte des informations que nous fournit notre organisme par le moyen des sensations de faim et de satiété.”