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QUESTION D'ACTU

Frénésie alimentaire

Nutrition : un circuit neuronal lié à l'impulsivité alimentaire

Des chercheurs ont découvert circuit spécifique dans le cerveau modifiant l’impulsivité alimentaire. A terme, ces découvertes ouvrent la voie à de nouvelles solutions thérapeutiques. 

Nutrition : un circuit neuronal lié à l'impulsivité alimentaire wildpixel/iStock




C’est déjà arrivé à tout le monde. D’un coup d’un seul, vous êtes saisi d’une fringale incontrôlable et vous vous jetez sur un paquet de gâteaux que vous engloutissez en une minute, une heure seulement avant le dîner. Si elle n’est pas bien grave quand elle est ponctuelle, cette frénésie alimentaire peut parfois mener à une suralimentation chronique à l’origine de surpoids, voire d’obésité, dangereuse pour la santé. En effet, cette maladie peut entraîner du diabète, des problèmes de foie, rénaux ou respiratoires, de l’hypertension, des maux de tête, des douleurs d’estomac, de la fatigue, de l’incontinence urinaire, une transpiration excessive ou encore de troubles des règles et d’ovaires polykystiques chez les femmes. Aujourd’hui, toutefois, des chercheurs ont réussi à identifier un circuit spécifique dans le cerveau qui modifie l’impulsivité alimentaire. A terme, cela pourrait ouvrir la voie à des solutions thérapeutiques contre la suralimentation. Les résultats de cette étude sont parus dans la revue Nature Communications

“Il y a une physiologie sous-jacente dans votre cerveau qui régule votre capacité à dire non (à manger impulsivement). Dans les modèles expérimentaux, vous pouvez activer ces circuits et obtenir une réponse comportementale spécifique”, explique Emily Noble, professeure adjointe au UGA College of Family and Consumer Sciences aux Etats-Unis, autrice principale de l’article, en préambule de celui-ci.

En travaillant sur des rats, ses collègues et elle ont étudié un sous-ensemble de cellules cérébrales produisant un type d’émetteur dans l’hypothalamus du nom d’hormone de concentration de mélanine (HCM). Pour tester l’impulsivité des rongeurs, les chercheurs les ont ensuite entraînés à appuyer sur un levier pour recevoir une pastille “délicieuse, riche en matières grasses et en sucre”. Les animaux devaient attendre 20 secondes avant d’appuyer sur levier. Si le rat appuyait trop tôt, il lui fallait patienter 20 secondes de plus.

Une augmentation du comportement impulsif

Puis, les scientifiques ont utilisé des techniques avancées pour activer une voie spécifique de l’HMC allant de l’hypothalamus à l’hippocampe, une partie du cerveau impliquée dans les fonctions d’apprentissage et de mémoire. Résultat : l’HMC n’avait pas d’incidence sur l’appréciation de la nourriture par les animaux, ni sur les efforts qu’ils étaient prêts à déployer pour manger. 

“Nous avons découvert que lorsque nous activons les cellules du cerveau qui produisent l’HMC, les animaux deviennent plus impulsifs dans leur comportement face à la nourriture, explique Emily Noble. Activer cette voie spécifique des neurones de l’HMC a augmenté le comportement impulsif sans affecter l'alimentation normale pour des besoins caloriques ou la motivation à consommer des aliments délicieux”, poursuit-elle.

Si des recherches précédentes avaient déjà montré qu’une élévation des niveaux de HMC dans le cerveau pouvait augmenter l’apport alimentaire, cette étude est la première à signaler le rôle de cette hormone dans le comportement impulsif. 

De nouvelles possibilités de traitements

“Comprendre que ce circuit, qui affecte sélectivement l'impulsivité alimentaire, existe, ouvre la porte à la possibilité qu'un jour nous puissions développer des traitements pour la suralimentation qui aident les gens à suivre un régime sans réduire leur appétit normal ni rendre des aliments moins bons”, conclut Noble. 

Un espoir bienvenu à l’heure où l’obésité est un enjeu de santé public mondial. Depuis 1975, le nombre de cas a presque triplé aux quatre coins du globe. En 2016, plus de 1,9 milliard d'adultes étaient en surpoids. Parmi eux, plus de 650 millions étaient obèses. 

En France, le taux d’obésité est aujourd’hui de 15,3%. Un phénomène qui inquiète grandement les pouvoirs publics, à tels point que cette semaine, la Cour des comptes a demandé plus d’efforts de la part des industriels de l’agro-alimentaire dans la lutte contre le surpoids. “Pour améliorer la qualité nutritionnelle des aliments, les pouvoirs publics ont (…) choisi une méthode incitative reposant sur le volontariat des industries agroalimentaires”. Or, “les résultats obtenus par cette autorégulation montrent aujourd’hui leurs limites”, estiment les magistrats. Parmi les pistes de réflexions possibles : une taxation supplémentaire des produits les moins bons au plan nutritionnel, dont “l’effet est largement démontré dans le cas du tabac.”

 

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