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Nutrition : peut-on manger bio avec petit budget ?

En France, la culture du bio s'oppose à celle de la malbouffe. Mais peut-on consommer bio quand on a peu d'argent? Pourquoi Docteur fait le point. 

Nutrition : peut-on manger bio avec petit budget ? pilipphoto/iStock




En Occident, les personnes les plus démunies mangent généralement mal. Leur alimentation manque de fibres, de vitamines et de micronutriments car elles se nourrissent le plus souvent peu de fruits et de légumes. Elles présentent en revanche des taux plus élevés de fructose libres, en raison notamment d’une grande consommation de sodas. En effet, les personnes en situation de précarité mangent souvent des aliments plus gras, plus sucrés. Qu'il s'agisse de plats tout préparés ou d'aliments ultra-transformés, réputés très mauvais pour la santé. A la culture de la malbouffe s’oppose celle du bio, bien plus coûteuse. Peut-on manger bio quand on a peu d’argent ?

Manger bio revient en moyenne à 30% plus cher

En fonction des méthodes de mesure, la différence entre un panier de course moyen “normal” et un “bio” est de 26 à 74% plus cher, la moyenne se situant à 30% de budget en plus. Mais si on compare le panier d’une personne qui ne mange rien de bio à celui d’une personne qui ne mange que du bio, l’écart est de 12%. En effet, les consommateurs 100% bio préparent tout eux-mêmes, mangent moins de viande et ont souvent moins de comportements alimentaires addictifs. Ils achètent moins de produits transformés, boivent peu d’alcool et fument moins, ce qui leur permet donc de faire des économies. 

Mais 12% de plus reste une énorme différence quand on n’a pas un sou. D’après l'organisation ATD-Quart Monde, pour les 3,5 millions de Français en insécurité alimentaire - la Food and Agriculture Organization (FAO) définit cette notion comme “l’impossibilité ou la peur de ne pas avoir accès à tout moment à une alimentation suffisante, saine et nutritive” -, le budget “courses” n’est établi qu’après avoir réglé le logement et les factures. A partir du 15 du mois, la moitié des parents interrogés dans cette étude ne prennent plus qu’un repas par jour afin que leurs enfants puissent manger davantage. A partir du 20, ils sont nombreux à ne prendre que deux repas par semaine. Impossible de penser bio dans ces conditions. 

Les conséquences de la facture énergétique chez les plus pauvres  

Chez les personnes les plus démunies, l’achat de malbouffe n’est pas déterminé que par le prix des aliments mais également à cause de la facture énergétique. Cuire au micro-ondes un plat préparé coûte bien moins cher que de cuisiner des produits frais buts. C’est également bien plus rapide avec des boites de conserve. Or, quand on sait que pour les Français en insécurité alimentaire, la facture d’énergie totale peut dépasser les 25% des dépenses, voire 50%, cette économie de gaz pèse dans la balance.

Des associations pour vous aider à manger bio  

Fondée par Boris Tavernier, l’association Vrac, implantée à Lyon, à Bordeaux, à Toulouse et à Paris, propose aux démunis une grande diversité de produits presque tous bio et locaux, de haute qualité et qu’on ne trouve habituellement que dans les enseignes bio. 

“À ce jour, l'association propose une cinquantaine de références : des produits alimentaires en vrac, des produits frais, des produits d'épicerie (miel, jus de fruits, compotes, cafés, thés…), mais aussi des produits d'entretien, d'hygiène et de soin du corps”, est-il expliqué sur le site du ministère de l'Agriculture. “Nous ne réalisons aucune marge sur les ventes, grâce à des partenaires qui jouent le jeu… et qui y trouvent aussi leur intérêt”, précise Boris Tavernier. 

Quelques conseils pour manger bio à moindre coût

Pour les personnes qui peuvent manger à leur faim mais ne souhaitent pas exploser leur budget courses en consommant du bio, il s’agit avant tout de s’organiser. Avoir son propre potager est bien sûr le meilleur moyen de faire des économies tout en mangeant sainement. Si vous n’avez ni la place ni le temps pour gérer un potager, contentez-vous de quelques pots. Vous pourrez ainsi acheter des fruits et légumes en plus petites quantités. Quand vous le faites, pensez à consommer des produits de saison. Vous aurez plus de chance de consommer du bio et cela vous permettra de soutenir les agriculteurs du coin à moindre coût. 

Pensez également à privilégier la nourriture en vrac, car non seulement les produits contenus dans les emballages contiennent parfois des matériaux toxiques, mais certains aliments sont deux fois plus cher quand ils sont emballés. Et si vous souhaitez consommer bio sans devenir végétarien pour autant, pensez à jeter un œil du côté du boucher et du poissonnier : les produits y sont souvent moins chers que dans les supermarchés et pourtant bien meilleurs. La viande restant quoiqu’il en soit une denrée coûteuse, préférez les morceaux moins chers. Il suffit de bien les cuisiner.

Bien évidemment, la règle d’or pour économiser tout en consommant de bons produits est de cuisiner soi-même. Si vous disposez de peu de temps, cuisinez pour plusieurs jours en une fois et mettez les restes au frigo ou au congélateur pour les manger plus tard. 

On peut bien manger sans manger bio

Pour se nourrir correctement, le principal reste de maîtriser ce que l’on mange. Et donc de cuisiner soi-même, des produits frais. “Un vrai repas consiste en un certains nombre d’aliments qu’il faut consommer : des légumes, cuits ou crus, une source de protéines, animale ou végétale (mélanger les mieux c’est mieux), des laitages et des fruits”, explique le médecin nutritionniste Patrick Serog à Pourquoi Docteur.

Et peu importe le bio, selon lui. “Pour l’instant, rien ne prouve que le bio améliore la santé des gens ! C’est surtout une question de convictions personnelles. Si on considère que le bio, c’est meilleur pour soi, soit on y met les moyens, soit, si on n’a pas les moyens, il ne faut pas se désespérer et se dire que dans l’alimentation traditionnelle il suffit d’utiliser le plus d’aliments ‘bruts’, de les laver, de les éplucher, de les faire cuire et on aura à ce moment-là des aliments qui seront le moins contaminés possible par les pesticides”, assure l’expert.  

 

 

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