ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Bisphénol A : un nouvel modèle de tests urinaires détecte des taux 44 fois supérieurs

Perturbateur endocrinien

Bisphénol A : un nouvel modèle de tests urinaires détecte des taux 44 fois supérieurs

Par Mégane Fleury

Une nouvelle technique de détection du Bisphénol A dans l’organisme remet en question les travaux précédents. Les taux relevés par les chercheurs sont beaucoup plus élevés que ceux qui avait été détectés auparavant. 

yanik88/istock

Sait-on vraiment dépister le taux de Bisphénol A dans l’organisme ? Une étude parue dans The Lancet Diabetes and Endocrinology remet en cause les résultats des précédentes méthodes d’analyse. La nouvelle technique mise au point par les chercheurs américains permet de détecter le Bisphénol A sous toutes ses formes. Les tests urinaires réalisés montrent des doses 44 fois supérieures à celles précédemment détectées. 

Le BPA est un composé chimique utilisé dans la fabrication de matières plastiques. Plusieurs études ont identifié des risques pour la santé humaine liés à cette substance. D’après le ministère de la Santé, le BPA aurait des effets sur la reproduction, sur le métabolisme et pourrait provoquer des pathologies cardiovasculaires. 

Des résultats inquiétants

Les essais réalisés récemment ont été menés auprès de 10 adultes (5 femmes et 5 hommes) et sur un second échantillon de 29 femmes enceintes. Les résultats montrent un taux de 51,99 nanogrammes de BPA par millilitre d’urine humaine, les tests faits auparavant indiquaient des niveaux moyens de 1,2 ng/ml. Cette différence s’expliquerait par la nature même du BPA : lorsqu’il est dans l’organisme, il se transforme en métabolites, des sous-produits chimiques difficiles à détecter. Le nouveau test est justement capable de détecter le BPA sous toutes ses formes. 

Des interdictions successives en France

“Ces résultats fournissent des preuves suffisantes que l’exposition humaine au BPA est beaucoup élevée que ce qui était supposé précédemment, concluent les chercheurs, (…) les données actuelles soulignent que les risques pour la santé humaine ont été dramatiquement sous-estimés.” En France, le BPA a progressivement été interdit dans la fabrication de certains produits, dont les biberons en 2011. Depuis 2012, la loi interdit la fabrication, l’importation, l’exportation et la mise sur le marché d’emballages alimentaires contenant du BPA. En 2013, la matière a été interdite dans les objets, emballages et contenants destinés aux enfants en bas âge. En 2015, les autorités françaises l’ont banni de la production des tickets de caisse. 

De nombreuses études

Régulièrement, de nouvelles études sont menées sur le BPA et révèlent de nouveaux aspects de sa dangerosité. En 2018, des scientifiques ont constaté que l’exposition à cette substance avait des conséquences sur plusieurs générations dans une recherche sur les souris. En 2017, une autre étude a mis en lumière la sur-exposition des travailleurs du plastique : aux États-Unis, l’analyse des urines de 77 ouvriers a révélé des taux 70 fois supérieurs à ceux de la population générale.