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Dépression, anxieté

Les patients souffrant de démangeaisons chroniques sont plus sujets à la dépression

Par Misha P.

Selon cette étude suédoise, 14% des personnes souffrant de démangeaisons chroniques sont sujets à la dépression, contre 5,7% chez les personnes ne ressentant pas d'envie compulsive de se gratter.  

Voyagerix/iStock

Si l'état de la peau reflète l'état de l’esprit, il s'avère que l'inverse pourrait également être vrai. Les démangeaisons constantes provoquent des contraintes considérables, en particulier chez les personnes souffrant de maladies de la peau. Selon une nouvelle étude transversale publiée dans le Journal of Investigative Dermatology, les patients souffrant de problèmes dermatologiques impliquant des démangeaisons chroniques sont plus à même de souffrir de dépression clinique, d'idées suicidaires et de stress.

Un panel de plus de 3 500 patients 

Ces démangeaisons chroniques ont été étudiées dans le contexte de maladies de la peau comme l'eczéma des mains, le psoriasis, le prurigo nodulaire et autre démangeaisons chroniques. Bien que des études aient été menées sur le lien entre la démangeaison et la santé mentale, peu d'études transversales ont été menées, affirme Florence Dalgard, professeure de dermatologie et de vénéréologie, à l’université de Lund, en Suède. 

La présente recherche s'inscrit dans le cadre d'une étude multicentrique européenne à grande échelle menée par la Société européenne de dermatologie et de psychiatrie (ESDaP). Il a comparé les conséquences psychologiques de la maladie et la qualité de vie entre les patients dermatologiques souffrant de démangeaisons et ceux n'en souffrant pas. 

Les chercheurs ont rassemblé des données sur 3 530 patients provenant de cliniques cutanées de 13 pays européens et les ont comparées à plus de 1 000 témoins sains. Les questionnaires remplis par les patients ont été examinés cliniquement. Les mesures des résultats comprenaient la présence, l'intensité et la chronicité des démangeaisons, les caractéristiques de la taille de l'échantillon, l'échelle d'anxiété et de dépression à l'hôpital, les pensées suicidaires et le stress de toute sorte, y compris celui découlant des bouleversements dans la vie et des difficultés financières. 

Plus de démangeaisons, plus de dépression

Les chercheurs ont constaté que les démangeaisons étaient présentes dans près de 90 % des cas de prurigo et des affections connexes, 86 % dans la dermatite atopique, 82 % dans l'eczéma des mains, 78 % dans les autres eczémas, 76 % dans le psoriasis et 70 % dans les urticaires. Les chercheurs ont constaté que la dépression était présente chez 14 % des patients souffrant de démangeaisons, comparativement à 5,7 % des patients n'en souffrant pas. Chez les témoins ayant des démangeaisons, le taux de dépression était de 6 % et de seulement 3 % chez les témoins sans démangeaisons. Ils ont également constaté que 15,7 % des patients souffrant de démangeaisons avaient des pensées suicidaires, contre 9 % des patients sans démangeaisons. Chez les témoins ayant des démangeaisons, ce chiffre était de 18,6 % et de 8,6 % chez les témoins sans démangeaisons. De plus, les personnes souffrant de démangeaisons avaient une vie plus stressante que celles qui n'en souffraient pas. Les personnes souffrant de démangeaisons étaient également plus susceptibles d'éprouver des difficultés financières. Selon Florence Dalgard, cette recherche démontre les conséquences importantes des démangeaisons sur la qualité de vie et souligne la nécessité d'une prise en charge efficace des problèmes découlant des démangeaisons chroniques. 

D'autres études sont également parvenues à la même conclusion. L'association entre la démangeaison et la dépression a été établie par le fait que les patients qui avaient un score élevé sur une échelle de dépression souffraient également d'une intensité plus élevée de démangeaison, contrairement aux patients dont le score était faible sur une échelle de dépression.