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Moral des soignants

87% des soignants sont pessimistes sur l’avenir de leur métier

Par Charlotte Arce

Une enquête menée auprès de personnels soignants met en lumière leur souffrance physique et/ou morale. Malgré leur amour du métier, près de 87% se déclarent pessimistes quant à leur avenir et 1 sur 3 seulement recommanderait sa profession à son entourage.

Spotmatik/iStock

Notre personnel soignant va mal, tant moralement que physiquement. Voilà la conclusion du 3e baromètre sur le moral des soignants, mené par le spécialiste en études de marché APlusA pour la start-up 360 Medics, et dont les résultats sont dévoilés ce lundi 4 novembre.

Au total, 6 956 infirmiers, médecins et aides-soignants ont répondu à l’enquête, pour des résultats catégoriques : bien qu’aimant leur métier, les personnels soignants sont aujourd’hui en grande souffrance et très pessimistes sur leur avenir ou celui du système de santé.

Plus de 6 soignants sur 10 en souffrance physique et/ou morale

"Depuis trois ans, nous ne cessons de voir le moral des soignants s’effondrer", constate Grégoire Pigné, oncologue radiothérapeute et fondateur de 360 Medics. Alors qu’en 2018, 58% des soignants déclaraient ressentir un épuisement moral et physique, ce sont aujourd’hui 66,8% des soignants interrogés qui déclarent être en souffrance physique et / ou morale, parmi lesquels une majorité d’aides-soignants (79,9%) et d’infirmier (69,1%).

Pour le fondateur de 360 Medics, ces résultats édifiants permettent de "médiatiser la souffrance des soignants et de tirer la sonnette d’alarme à propos d’un système de santé en déclin". Pour preuve : ils rejoignent ceux d’une précédente enquête réalisée en 2017 pour l’association Soins aux Professionnels de Santé (SPS), qui révélaient que sur la moitié des 700 professionnels de santé interrogés, plus de 40% d’entre eux disent connaître un confrère qui a tenté de se suicider.

Un manque de confiance en l’avenir de leur profession

Pourtant, les membres du personnel soignant interrogé aiment majoritairement leur métier (96,5%). Mais les manques chroniques d’effectifs et de moyens, la surcharge de travail et le manque de reconnaissance rendent leur quotidien trop difficile pour qu’ils envisagent de conseiller leur profession à leur entourage : seuls 26,9% d’entre eux recommanderaient ainsi à un de leurs proches d’être soignant. "Pour beaucoup de soignants, travailler dans le domaine médical est une vocation. Mais la réalité du métier est extrêmement difficile, les soignants se heurtent tous les jours à une pratique quotidienne où ils doivent constamment faire mieux avec moins", analyse Grégoire Pigné.

Les médecins, infirmiers et aides-soignants interrogés ne sont d’ailleurs guère optimistes quant à l’avenir de leur métier. "Nous avons deux profils très distincts qui se dessinent : 86,6% des soignants sont pessimistes, et seulement 13,4% d’entre eux sont optimistes, détaille Grégoire Pigné. Les soignants pessimistes ne croient pas, à 96,9% et à 93,3%, que les politiques de santé publiques et les évolutions de la relation patient-soignant puissent améliorer ses conditions de travail. Et ils sont seulement 40% à croire que les nouvelles technologies pourraient avoir un impact positif sur l’exercice de leur métier."

Alors que le pays a été secoué par une grave crise des services des urgences pendant plus de six mois, comment aujourd’hui redonner le goût de leur profession aux soignants et la confiance en l’avenir ? "Nous devons sortir de la logique de coûts dans laquelle se trouve le système de santé français, insiste Grégoire Pigné. Les soignants ont une expertise immense, reconnue dans le monde entier. Nous devons investir largement pour prendre en charge l'ensemble des patients français, mais aussi pour devenir leader d'une industrie du soin dématérialisé? économiquement viable pour la France qui permette aux soignants de reprendre espoir."