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Intimité

Pourquoi le sexe devient moins satisfaisant pour les femmes avec l’âge

Par Charlotte Arce

En vieillissant, les femmes ont tendance à avoir moins de relations sexuelles. Au-delà des raisons physiologiques liées, entre autres, à la ménopause, de nouveaux travaux pointent les facteurs psychosociaux qui expliquent cette baisse de libido.

Vasyl Dolmatov/iStock
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Période de bouleversement hormonal, la ménopause est une étape majeure dans la vie d’une femme. S’accompagnant d’effets secondaires plus ou moins gênants comme les bouffées de chaleur, les troubles du sommeil ou la sécheresse vaginale, elle correspond aussi souvent à un moment de baisse des rapports sexuels.

En 2015, une étude publiée dans la revue Endocrinology & Metabolism Clinics of North America concluait ainsi que "le dysfonctionnement sexuel augmente avec l'âge et est très prévalent chez les femmes ménopausées". D’autres travaux avançaient que 42% des femmes pré-ménopause signalaient des symptômes de dysfonctionnement sexuel. Leur nombre était passé à 88% 8 ans après.

Quelles sont les raisons à cette baisse de la satisfaction sexuelle ? Des études ont déjà pointé les facteurs physiologiques liés à la survenue de la ménopause : la sécheresse vaginale et les baisses du taux d’œstrogènes peuvent rendre les rapports sexuels plus difficiles ou moins agréables. Cependant, ce ne sont pas les seuls facteurs qui ont un impact important sur la libido ou la vie sexuelle d'une femme : les changements psychosociaux sont aussi à prendre en considération.

Une baisse de confiance en soi trop peu prise en compte

C’est justement à ces facteurs psychosociaux que s’intéresse une nouvelle étude publiée dans Menopause. Menée par des chercheurs de l'Université du Sussex à Brighton et de l'University College London, au Royaume-Uni, et de l'Université de New South Wales à Sydney, en Australie, elle montre que la vie sexuelle de nombreuses femmes décroît avec l'âge et qu’elle est corrélée à des aspects jusqu’ici ignorés par le monde de la recherche : les problèmes liés à l'image corporelle, à la confiance en soi et à la désirabilité perçue, au stress, aux changements d'humeur et aux problèmes relationnels.

Pour mener à bien leurs travaux, les chercheurs se sont basés sur les données de 4 418 femmes âgées en moyenne de 64 ans et participant à l’essai UK Collaborative Trial of Ovarian Cancer Screening (UKCTOCS). Au début de l’étude, environ la moitié des femmes se sont déclarées sexuellement actives, mais une diminution de tous les aspects de l'activité sexuelle a été observée au fil du temps. Ainsi, elles ont déclaré que leur activité sexuelle était moins fréquente, moins agréable et plus inconfortable. La principale raison de l'absence d'activité sexuelle reste l'absence de partenaire, principalement en raison du veuvage.

Parmi les autres raisons fréquemment citées pour expliquer la diminution de la fréquence des rapports sexuels, ont été mentionnés (par ordre d’importance) : l'état de santé du partenaire, son dysfonctionnement sexuel, les problèmes de santé physique de la femme, les symptômes liés à la ménopause et les médicaments prescrits. En ce qui concerne la baisse de la libido, de nombreuses femmes ont déclaré que cela était généralement dû à des problèmes de relations amoureuses, de logistique d'organisation des relations physiques et de conséquences du vieillissement sur leur image et leur confiance en elles-mêmes.

Seules 3 % des participantes ont décrit des expériences sexuelles positives, alors que seulement 6 % ont demandé de l'aide médicale pour des problèmes sexuels.

Mieux former les médecins à la sexualité des femmes ménopausées

Pour les auteurs, ces nouvelles découvertes auront des "implications dans la pratique clinique", notamment dans la prise en charge des femmes ayant signalé une insatisfaction sexuelle avec la ménopause. Selon eux, "les difficultés sexuelles sont souvent sous-déclarées, sous-reconnues et sous-traitées" dans le cadre médical.

Ils appellent aussi les praticiens à discuter de ces aspects avec leurs patientes ménopausées afin de mieux les accompagner dans la reconquête de leur sexualité. "Une communication ouverte sur la sexualité, y compris les désirs, les besoins et les dysfonctionnements, est importante et réduira le seuil requis pour que les femmes discutent de la fonction sexuelle. Une éducation sexuelle supplémentaire pour [les praticiens de la santé] est nécessaire pour faciliter ce processus", concluent les chercheurs.