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Fléau des troupes à l'étranger

L'armée américaine veut modifier la peau de ses soldats pour éloigner les moustiques

Par Raphaëlle de Tappie

L'Agence de département de la Défense des États-Unis cherche à mettre au point une stratégie pour éradiquer les risques de transmission de maladies par moustiques. Pour ce faire, elle compte modifier le microbiote de la peau de ses soldats. 

zabelin/iStock

"Se pourrait-il que votre odeur soit juste un petit peu trop attirante ?" Ainsi commence le dernier communiqué de la DARPA, Agence de département de la Défense des États-Unis chargée de la recherche et du développement des nouvelles technologies à usage militaire. Celle-ci vient de lancer un nouveau programme du nom de ReVector ayant pour but de mettre en place une stratégie pour éradiquer les risques de transmission de maladies par moustiques. Car ces derniers représenteraient la plus grande menace contre les troupes en mission à l’étranger. 

Pour contrer ce fléau, plus particulièrement les moustiques Aedes, Anopheles et Culex, la DARPA veut mettre au point un moyen de prévention basé sur la modification du microbiote de la peau. Car les millions de bactéries et champignons présents sur notre peau génèrent une odeur plus ou moins attirante pour les moustiques. Il s’agira donc d’abord d’identifier les microbes produisant les signatures les plus efficaces contre les moustiques. Puis, les chercheurs hésitent entre des probiotiques et des prébiotiques pour nourrir les microbes déjà présents sur la peau ou en ajouter de nouveau ou utiliser les ciseaux génériques CRISPR-Cas9. Ces derniers permettent de découper des segments d’ADN.

Un objectif très compliqué à atteindre  

Actuellement en quête de scientifiques intéressés pour mettre la main à la pâte, les chercheurs de la DARPA sont conscients de la difficulté d’atteindre leur objectif. En effet, la diversité du métabolisme et des microbiotes de chacun est un challenge de taille pour arriver à un traitement universel, concèdent-ils. Qui plus est, les moustiques sont sensibles à énormément de molécules chimiques, aussi sera-t-il très compliqué de trouver le mélange idéal pour les faire fuir.

Malgré tout, la DARPA est déterminée et compte bien créer, au terme de ces quatre ans de recherches, un traitement réversible facile à appliquer sur la peau et qui nécessitera un entretien minimum. Offrant une protection de deux semaines, le produit ne devra pas entraîner d’effets secondaires. 

"Si le programme fonctionne, nous obtiendront des technologies nous permettant d’en apprendre plus sur le microbiote de la peau et de comprendre comment nous pouvons temporairement le modifier à des fins bénéfiques. La DARPA envisage d’utiliser ensuite la technologie ReVector dans un contexte médical pour traiter des infections et guérir des blessures", conclut l’agence dans son communiqué. 

Éradiquer les risques de dengue, malaria, encéphalite japonaise et autres

Le moustique Aedes est le principal vecteur de la dengue, aussi appelée grippe tropicale, qui touche 50 millions de personnes par an. Parmi elles, on dénombre 500 000 cas de dengue hémorragique, mortels dans plus de 2,5%, selon l’OMS. Culex, quant à lui, est le vecteur de maladies graves tels que la fièvre du Nil occidental, l'encéphalite de Saint Louis, la filariose, l'encéphalite japonaise, l'encéphalite de la Murray Valley et le paludisme aviaire. Le paludisme, également connue sous le nom de malaria, est également transmissible par le genre Anopheles que la DARPA cherche aussi à éloigner de ses soldats.

Il y a quelques mois, des chercheurs ont d’ailleurs réussi à mettre au point un possible médicament pour contrôler la propagation du paludisme, qui touche 212 millions de personnes dans le monde chaque année et a provoqué 429 000 décès en 2015. L’ivermectine permettrait ainsi de rendre le sang des personnes vivant dans des zones à risque mortel pour les moustiques. "L’ivermectine réduit les nouveaux cas de paludisme en rendant le sang d'une personne létal aux moustiques qui la piquent. Il tue les moustiques et réduit ainsi le risque d'infection d'autres personnes", expliquaient ainsi les chercheurs.