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Santé publique

Glyphosate : ce que contient vraiment le rapport parlementaire polémique

Alors que le sénateur Pierre Médevielle a créé la polémique dimanche en affirmant que le glyphosate est "moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge", le rapport parlementaire se veut moins catégorique. Mais que contient-il vraiment et quelles sont ses conclusions sur l’herbicide phare de Monsanto ?

Glyphosate : ce que contient vraiment le rapport parlementaire polémique Leonid Eremeychuk/iStock




"À la question 'le glyphosate est-il cancérogène', la réponse est non ! Il est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge qui ne sont pas interdites". Cette phrase, on la doit au sénateur Pierre Médevielle.

Dans une interview accordée dimanche dernier à La Dépêche du Midi, le sénateur UDI de Haute-Garonne et vice-président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a créé la polémique. Et pour cause : il fait aussi partie des rapporteurs d’un rapport sur le glyphosate commandé par les commissions des affaires économiques et du développement durable.

Mais est-ce vraiment la conclusion à laquelle sont parvenus ses auteurs ? Si l’on en croit France Info, qui a épluché les 155 pages du texte, pas vraiment. D’ailleurs, le but dudit rapport n’était pas de trancher sur l’éventuelle dangerosité de l’herbicide chimique, mais plutôt "d'éclairer le Parlement sur 'l'indépendance et l'objectivité des agences européennes chargées d'évaluer la dangerosité des substances mises sur le marché".

Le CIRC et l’EFSA : deux rapports contradictoires et biaisés

Et c’est bien là le problème : il n’existe à l’heure actuelle aucun consensus sur la dangerosité ou non du glyphosate. Alors que le Centre international sur le cancer (CIRC), qui dépend de l’OMS, a classé depuis 2015 le glyphosate parmi les produits "probablement cancérigènes pour les humains", ce n’est pas le cas des agences d'évaluation européenne, française ou américaine. Pire : en 2015, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a pour sa part estimé qu’il était "improbable que le glyphosate fasse courir aux humains un danger cancérogène et que les preuves n'étaient pas réunies pour effectuer un classement du glyphosate comme cancérogène".

Comment alors trancher entre ces avis ? Ce nouveau rapport parlementaire ne s’y risque pas. Ses auteurs se contentent en réalité d’après France Info de passer en revue les différentes évaluations du glyphosate, sans jamais trancher. Ils rappellent toutefois que "les critiques des travaux des agences" révélées par les Monsanto Papers participent à entretenir le flou sur les conséquences sanitaires liées à l’usage du glyphosate. Elles laissent aussi penser "que la société américaine cherche depuis des décennies à minimiser les risques" liés à l’herbicide de Monsanto.

Il critique aussi les méthodes utilisées par le CIRC et l’EFSA pour réaliser leurs travaux et note que les deux organismes "ne fondent pas leur analyse exactement sur les mêmes sources" pour expliquer la différence de résultats. Le rapport précise toutefois que cette "différence d'appréciation (...) laisse tout de même perplexe le grand public comme les décideurs politiques" et qu'elle favorise "l'émergence d'une crise de confiance vis-à-vis de l'expertise".

Pour un nouveau modèle d’évaluation des risques

Pour éviter ce schéma, les parlementaires estiment nécessaire la création d’un "nouveau modèle d’évaluation des risques" liés au glyphosate. Ils proposent donc de baser les nouvelles études sur des "données indépendantes", récoltées par les agences sanitaires et non par les industriels. Celles-ci doivent par ailleurs faire preuve de davantage de "transparence", notamment en mettant à disposition des données pour "permettre une contre-expertise citoyenne" et les "liens d’intérêt" entre leurs employés et les experts qu’ils mandatent.

Ils recommandent aussi le développement d’"instruments de surveillance en situation réelle des effets des produits réglementés" et celui d’"outils de compréhension des risques cumulés" pour mieux informer le grand public et "lutter contre les peurs irrationnelles non fondées sur des faits".

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