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Grand pas en avant

Cancer : des perruques désormais intégralement remboursées par la Sécurité sociale

Par Charlotte Arce

Dès mardi 2 avril, les perruques destinées aux femmes atteintes de cancer seront mieux, voire intégralement remboursées par l’Assurance maladie. 

marieclaudelemay/iStock

C’était l’une des promesses faites par la ministre de la Santé Buzyn. Dès ce mardi 2 avril, certaines perruques destinées aux femmes touchées par un cancer seront mieux, voire intégralement remboursées par la Sécurité sociale.

Les prothèses capillaires concernées sont celles dites de classe 1 : faites en fibres synthétiques, elles seront désormais remboursées à hauteur de 350 euros – montant par ailleurs maximum pour ces articles. Il s’agit, selon le ministère de la Santé, de permettre aux femmes ayant besoin de prothèses capillaires de bénéficier d’une offre "sans reste à charge" et "de qualité". Les prothèses de classe 2, contenant au moins 30% de cheveux naturels seront quant à elles remboursées jusqu’à 250 euros et plafonnées à 700 euros.

Mettre fin à une "injustice sociale"

Pour l’association de soutien aux malades du cancer RoseUp, cette meilleure prise en charge des perruques constitue une réelle avancée qui va "bien au-delà de l’engagement du dernier plan cancer de doubler les remboursements".

À l’heure actuelle, environ 50 000 patients recourent chaque année en France à des perruques capillaires. 9 de ces patients sur 10 sont des femmes. Pour beaucoup d’entre elles, l’achat de ces prothèses aux prix exorbitants constituait une "injustice sociale", loin d’être comblée par le forfait de 125 euros jusqu’ici proposé par l’Assurance maladie. Interrogée par l’AFP, Élise raconte avoir dû débourser "500 euros de sa poche" pour sa prothèse lorqu’on lui a diagnostiqué un lymphome à l’âge de 29 ans. "Il faut avoir les moyens, j’ai eu cette chance."

Même constat pour Vanessa, qui, "pour être en accord avec le reflet dans le miroir" mais aussi par "peur du regard des autres", a choisi de porter une perruque pendant sa chimiothérapie. "Mes cheveux, c’était une partie de mon identité" raconte la jeune femme qui a dû débourser 644 euros pour sa prothèse capillaire. 375 euros ont été pris en charge par sa mutuelle en plus des 125 euros de la Sécurité sociale. 

Plus de remboursement pour les perruques haut-de-gamme

Si les associations saluent la décision d’un meilleur remboursement des prothèses de classes 1 et 2, toutes déplorent le déremboursement total des prothèses dépassant 700 euros. Représentant aujourd’hui une part du marché inférieure à 8 %, ces perruques sont généralement réalisées en cheveux naturels, avec des prix avoisinant parfois les 2 000 euros. Pour Céline Lis-Raous, présidente de RoseUp, il s’agit d’une "erreur ". Même son de cloche du côté de la Ligue contre le cancer, qui y voit une "nouvelle inégalité face à la maladie". Selon Emmanuel Jammes, responsable du pôle plaidoyer de la Ligue, "les mutuelles ne vont plus intervenir" sans participation de la Sécurité sociale. Une décision particulièrement dommageable pour "les adolescentes, très sensibles à leur image" et préférant les prothèses à "cheveux longs", introuvables parmi les modèles synthétiques.

Le ministère de la Santé se défend en affirmant que cet encadrement des prix correspond à "la très grande majorité (plus de 95%) des perruques prises en charge". Pour Emmanuel Jammes, cette mesure laisse au contraire penser "que les femmes qui font des demandes supérieures ont les moyens". La perruque devient de fait "un produit de luxe alors qu’elle correspond à un véritable besoin". De son côté, l’association Rose-Up précise sur son site qu’elle "émettra une observation pour demander le maintien du remboursement actuel de 125 euros pour les femmes qui désirent acquérir une perruque haut-de-gamme".

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