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Sport-médicament

Maladies chroniques : quelles activités physiques en fonction du trouble ?

Par le Dr Axel de Saint-Cricq

L'activité physique, et pas forcément le sport, a un rôle à jouer dans la prévention de nombreuses maladies chroniques, mais surtout dans la prévention de l'aggravation de nombre d'entre elles. Elle agit comme un médicament et peut, à ce titre, être désormais prescrite par les médecins.

Halfpoint/istock

En France, la part des personnes âgées de 60 ans et plus devrait passer d’un quart, en 2015, à un tiers de la population, en 2040. Or, actuellement, si un français sur quatre souffre d’une maladie chronique, c’est trois sur quatre après 65 ans.

Améliorer la prévention et la prise en charge des maladies chroniques c’est répondre à une urgence majeure de santé publique. L’Inserm a donc été mandaté par le ministère des Sports pour faire des recommandations sur l'intégration de l’activité physique dans le programme (parcours) de soin des différentes maladies chroniques.

Prescription de l'activité physique

Dans de nombreuses maladies chroniques le repos a longtemps été la règle, mais les études scientifiques les plus récentes ont conduit à un véritable changement de paradigme : l’activité physique (et non le sport) fait désormais partie intégrante du traitement des maladies chroniques afin d'en prévenir l'aggravation. Sa prescription doit être systématique et aussi précoce que possible, en l'adaptant bien-sûr à la phase de la maladie, et avant même tout traitement médicamenteux pour la dépression légère à modérée, le diabète de type 2, l’obésité et l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs.

L’enjeu n’est pas de savoir si on doit recommander une pratique régulière d’activité physique adaptée aux personnes atteintes d’une maladie chronique, car il n’y a plus aucun doute sur cette nécessité, mais plutôt de déterminer les programmes les plus efficients selon les maladies chroniques, les aptitudes physiques des malades, leurs ressources et leur environnement. Il s'agit également de permettre une activité physique pérenne et inscrite dans le mode de vie des personnes malades. Ce n'est pas donc forcément du sport (natation, cyclisme, marche...) que l'on va prescrire le plus souvent chez ces malades, mais plutôt de l'activité physique, parfois plus ludique et en groupe (yoga adapté, Taï Chi, danse de salon, marche nordique, gymnastique adaptée...).

Des recommandations spécifiques par pathologie

S’il existe des variations des modalités de l’activité physique selon les maladies chroniques, par contre, tous s’accordent sur la fréquence de la pratique d’une activité physique adaptée : un minimum de 3 séances par semaine.

Obésité : ce sont des programmes d’activité d’endurance (vélo, nage, Taï Chi, danse... sur au moins 45 minutes) qui sont recommandées en mettant l’accent sur la diminution du tour de taille comme paramètre de suivi plutôt que sur la perte de poids ;

Diabète de type 2 : privilégier l’association du renforcement musculaire (musculation des jambes, des bras et des abdominaux...) et des activités d’endurance dans des intensités modérées à fortes ;

Maladies coronaires : poursuite d’une activité physique régulière d’endurance à optimiser en jouant sur l’intensité de l’exercice ;

Artériopathie oblitérante des membres inférieurs : la marche sans douleur est le traitement de première intention en gagnant progressivement en longueur ;

Insuffisance cardiaque : tous les malades, quel que soit le degré de sévérité de la maladie, peuvent bénéficier d’un programme de réentraînement à l’effort grâce à un entraînement régulier et progressif : idéalement, 30 minutes d’activité modérée 5 fois par semaine dans la dernière phase du programme qui doit être poursuivi tout au long de la vie ;

Accident vasculaire cérébral (AVC) : activité physique régulière intégrant la pratique des gestes de la vie de tous les jours en améliorant les capacités cardiorespiratoires et la force musculaire afin de réduire l’impact des séquelles neuromusculaires sur la qualité de vie et prévenir les récidives ;

Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) : activité physique régulière pérenne et variée (endurance, renforcement musculaire, natation, Taï Chi…) afin d’améliorer la qualité de vie et réduire les limitations fonctionnelles des complications ;

Asthme : activités ou sports d’endurance pour réduire l’importance et la fréquence des crises par l’amélioration du VO2max, de l’endurance et de la capacité d’exercice ;

Maladies ostéo-articulaires : programmes d’activité physique adaptée en fonction de la ou des articulations malades et une pratique pérenne pour prévenir et/ou réduire le handicap et la douleur ;

Cancers : programmes combinant endurance et renforcement musculaire afin d’améliorer la qualité de vie et réduire les effets secondaires liés au cancer et aux traitements (déconditionnement musculaire, fatigue, intolérance au traitement…) ;

Dépression : programmes combinant endurance et renforcement musculaire afin de prévenir les récidives et améliorer les symptômes.

Adapter la prescription d’activité physique

Les principales barrières à la pratique de l’activité physique sont en général liées à la maladie elle-même (douleurs, fatigue, effets secondaires de certains traitements…) et aux habitudes et au mode de vie du malade. L’enjeu est donc d’adapter la pratique à l’état de santé du patient, ainsi qu’à son traitement, ses capacités physiques, ses risques médicaux, ses ressources psychosociales... mais aussi son mode de vie et ses envies.

La démarche repose sur l’évaluation initiale du niveau d’activité physique du malade et sa tolérance à l’exercice par un entretien et/ou des tests simples avec le médecin (ex : test de marche de 6 minutes). Des tests plus complexes (ex : épreuve d’effort cardiorespiratoire) seront ensuite indispensables pour permettre une adaptation de la prescription en termes d’intensité de la pratique et pour la sécuriser chez les personnes les plus vulnérables.

Une démarche nationale

Le plan national « sport santé bien-être » a débouché sur de nouveaux partenariats dans les 22 régions avec le développement d’une offre d’activité physique à visée de prévention des maladies chroniques. En développant la prescription par le médecin traitant d’une activité physique adaptée aux patients atteints de maladies chroniques, l’article 144 de la Loi de santé publique et les outils qui l’accompagnent, visent à une généralisation de ce type de prescriptions.

Reste la question de l’accessibilité à cette offre de prévention pour l’ensemble des personnes atteintes de maladies chroniques, quels que soient leur âge, leur lieu de de résidence ou leurs ressources.