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Soins de santé

Cannabis thérapeutique : l’agence du médicament favorable à l’expérimentation d’ici fin 2019

Par Jean-Guillaume Bayard

Deux semaines après l’avis positif rendu par un groupe d’experts, l’agence du médicament a annoncé vouloir expérimenter l’utilisation de préparations à base de cannabis pour traiter certaines maladies d’ici à fin 2019. Les experts seront chargés d’en définir les contours.

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Le 13 décembre dernier, un comité d’experts, institué par l’agence nationale du médicament (ANSM), a donné son feu vert à l’usage de la marijuana médicale. Dans un communiqué, il a jugé "pertinent d'autoriser l'usage du cannabis à visée thérapeutique (...) dans certaines situations cliniques et en cas de soulagement insuffisant ou d'une mauvaise tolérance" aux traitements.

Cinq réunions avant juin pour définir les modalités

Deux semaines après, l’ANSM a embrayé le pas et s’est déclarée favorable à l’expérimentation du cannabis thérapeutique d’ici fin 2019. Suivant les recommandations du comité d’experts, elle a précisé que cela ne concerne pas un mode d’administration par fumée. D’autres voies sont ainsi envisagées, telles que le spray, l’inhalation, les gélules, les gouttes, les suppositoires, les huiles, les patch…

Dans un communiqué, l’ANSM a expliqué que "l'accès à l'usage du cannabis à visée thérapeutique devrait faire l'objet dans un premier temps d'une expérimentation", laissant aux experts le soin d’en définir les contours. Cinq réunions du comité d’experts sont ainsi prévues entre le 30 janvier et juin prochain. "L'idée serait que le comité d'experts définisse les conditions générales avant l'été pour, idéalement, lancer l'expérimentation d'ici fin 2019", précise le directeur général de l'ANSM, Dominique Martin. 

Des cas précis

Cette expérimentation, très encadrée, vise certaines situations thérapeutiques précises, telles que retenues par les experts. Il s’agit ainsi des cas suivants : "dans les douleurs réfractaires aux thérapies (médicamenteuses ou non) accessibles, dans certaines formes d’épilepsie sévères et pharmacorésistantes, dans le cadre des soins de support en oncologie, dans les situations palliatives et dans la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques", explique l’agence dans son communiqué.

Pour le directeur de l’ANSM, cette expérimentation devrait permettre de répondre à un certain nombre de questions sur le concret du cannabis thérapeutique. "Où le cannabis thérapeutique va-t-il être produit, sera-t-il importé ou pas, quel circuit de distribution, quel mode de délivrance (pharmacie, etc) ?", énumère-t-il. Selon lui, "l'expérimentation, modalité régulièrement utilisée pour la mise en place de politiques publiques, permettrait de gagner du temps", car elle se ferait dans un cadre juridique "plus léger" qu'une généralisation immédiate.

Le cannabis médical déjà légal dans une trentaine de pays

Actuellement, le cannabis thérapeutique est autorisé dans une trentaine de pays : de nombreux États américains, le Canada, 21 pays de l'Union européenne ainsi que la Suisse, la Norvège, Israël et la Turquie. Le parlement israélien vient d’ailleurs de voter une loi autorisant l’exportation du cannabis médical. Une mesure qui devrait permettre à l’État hébreux de récolter plus de 234 millions d’euros par an.

Plus tôt cette année, la Creuse s’est portée candidate pour cultiver le cannabis thérapeutique avec pour objectif de redynamiser l’économie du territoire. Béchir Bouderbala, président de l’association NormL, qui milite pour la légalisation du cannabis, a estimé qu’"un peu moins de 300 000 patients français sont susceptibles d'être répondants aux molécules thérapeutiques du chanvre". Un projet qui pourrait créer entre 500 et 1 000 emplois dans le département dès la première année.