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Cancer du sein : un deuxième avis médical modifie le diagnostic dans 43% des cas

Par Mathilde Debry

Selon une nouvelle étude, prendre un deuxième avis médical irait jusqu’à modifier le diagnostic pour 43% des patientes atteintes d'un cancer du sein. 

thomasandreas / istock

La plupart du temps, le choc du diagnostic ou la peur de froisser son médecin pousse à s'en tenir à sa seule opinion. Pourtant, obtenir un deuxième avis médical est plus qu’utile, notamment pour les femmes souffrant d'un cancer du sein. Selon une nouvelle étude, cette démarche irait même jusqu’à modifier le diagnostic pour 43% des malades.

"Nos résultats montrent qu’une deuxième opinion nous aide vraiment à changer le diagnostic, ce qui, dans la plupart des cas, finira par changer le traitement", explique dans les Annals of Surgical Oncology Nancy DeMore, chirurgienne oncologue et directrice de l’enquête. "J'espère que cette étude permettra aux patients de demander un deuxième avis dans les centres spécialisés en oncologie."

30 biopsies supplémentaires

Les chercheurs ont analysé le parcours de santé de patientes atteintes d'un cancer du sein, toutes diagnostiquées entre août 2015 et mars 2016. L'examen a porté sur 70 femmes en quête d'un deuxième avis médical. Au total, 30 biopsies supplémentaires ont été réalisées pour 25 malades.

Résultat : 16 patientes, soit 22,8 % de la cohorte, se sont vues diagnostiquer un cancer supplémentaire (soit dans le même sein, dans le sein controlatéral ou une métastase à un ganglion lymphatique axillaire). Pour 14 (20 %) des 70 patients, un deuxième avis a entraîné un changement d'interprétation pathologique.

Un impact diagnostique

"Ces résultats modifient radicalement les soins", poursuit la scientifique. "16% des patients n'avaient en outre pas été identifiés comme sujets aux tests génétiques, alors qu’ils auraient du l’être", déplore-t-elle. Et son équipe de conclure : "les résultats de l'étude appuient la conclusion selon laquelle l'orientation vers un deuxième avis est bénéfique et a un impact sur le diagnostic de nombreux patients."

Avant de foncer tête baissée dans un protocole médical, mieux vaut donc prendre deux avis médicaux plutôt qu'un. "Moins de 10% de mes patients nécessitent un deuxième avis. Je le suggère pour des pathologies difficiles à prendre en charge ou en cas d'incertitude. Mais une personne sur deux préfère s'en tenir au premier avis", explique pourtant au Figaro le Dr Claude Leicher, président de MG France.

Première cause de décès par cancer chez les femmes

Le Dr Suzette Delaloge, oncologue à l'Institut Gustave-Roussy, va dans le même sens, mais est un peu plus nuancée. "Dans le cancer du sein par exemple, demander un second avis systématique ne se justifie pas. D'autant qu'il est parfois dangereux de retarder des opérations alors que le cancer progresse. Mais lorsque vous ne comprenez pas la décision du médecin ou que vous n'êtes pas d'accord avec lui, n'hésitez pas", affirme-t-elle. 

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquemment observé chez les femmes en France, comme dans l'Union européenne et aux États-Unis. Le nombre de cas observés chaque année a tendance à diminuer depuis 2005, même si cette maladie reste la première cause de décès par cancer chez les femmes. Dépistée à un stade précoce, la survie à 5 ans est de 99%.

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