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Congrès Européen de Cardiologie

Une nouvelle étude démontre l'inefficacité des oméga 3 chez les diabétiques traités

Par Dr Philippe Montereau avec Ambre Amias

Les données sont contradictoires sur le bénéfice des oméga-3 sur la santé. Une nouvelle étude chez le diabétique traité révèle leur inutilité dans la lutte contre les risques de maladies cardiovasculaires. Un résultat à remettre dans son contexte.

AntonioGuillem / Istock

Des études d'observations dans différentes populations ont suggéré que la consommation de poisson une ou deux fois par semaine réduirait le risque de maladie cardiaque. On trouve en effet dans le poisson, un acide gras bénéfique, de l’oméga 3, acide alpha-linoléique (ALA), nutriment essentiel au bon fonctionnement de l’organisme.

En 2002, une revue systématique montrait que la consommation de l’équivalent de 40 à 60 grammes de poisson par jour (apportant 0,2 à 1 g d’oméga 3 par jour) était associée à une réduction de près de 50% de mortalité cardiovasculaire. Cependant, dans le même temps différents essais randomisés ont montré des résultats contradictoires concernant les effets de la prise d'oméga 3.

Des résultats mitigés chez les diabétiques

Pour ce nouvel essai randomisé ASCEND (A Study of Cardiovascular Events in Diabetes), publié dans le New England Journal of Medicine, les chercheurs indépendants du Clinical Trial Service Unit de l'Université d’Oxford ont travaillé avec 15 480 patients atteints de diabète et sans preuve de maladies cardiovasculaires. Ils leur ont prescrit des capsules de 1 gramme qui contenaient, soit des oméga 3, soit un placebo (de l’huile d’olive), une fois par jour.

Chez les deux groupes de patients, les médecins ont évalué sur une durée de 7,4 ans la survenue des événements vasculaires graves. Selon les conclusions de cette étude présentée au Congrès Européen de Cardiologie en ce moment, ces accidents cardiovasculaires graves n’étaient pas moins élevés chez les patients qui recevaient une supplémentation en oméga 3 (8,9%) que dans le groupe placebo (9,7%). Il n'y a pas non plus de différences significatives entre les groupes quant aux taux d'événements indésirables graves non mortels.

Un nutriment essentiel

L’oméga-3 est l’acide alpha-linoléique (ALA). Il s’agit d’un nutriment essentiel au bon fonctionnement de l’organisme car ce dernier est incapable de le fabriquer. L’ALA doit donc être obligatoirement apporté par l’alimentation. L’oméga-3 est l’acide alpha-linoléique (ALA) et se trouve en quantité dans les noix, l’huile de colza et de soja et les poissons gras tels que le saumon, le thon et le maquereau. Il est apporté en plus faible quantité par les viandes, les œufs et les produits laitiers.

Selon les recommandations nutritionnelles actuelles, pour les personnes sujettes aux maladies coronariennes, il faudrait consommer de 800 à 1000 mg d’oméga-3 par jour, tandis que pour les personnes sans risque apparent 500 mg suffiraient.

Arrêter les suppléments en oméga 3 ?

Alors que certaines recommandations prônent toujours l’utilisation d’oméga 3 pour la prévention secondaire des maladies coronariennes et préconisent la consommation de poisson une ou deux fois par semaine pour réduire des risques de maladies cardiovasculaires en prévention primaire, les chercheurs de l'université d'Oxford rappellent que tous les essais randomisés précédents n'ont pas été concluants quant au bénéfice des omégas 3.

L'absence de bénéfice de la prise de supplément d'oméga 3 sur les résultats cardiovasculaires chez des malades traités par d'autres médicaments peut cependant s'expliquer par le fait que les statines, les médicaments contre le cholestérol qui sont généralement prescrites chez les diabétiques, sont très puissantes, ce qui peut "écraser" un effet modeste des oméga-3.

Mais, tout est affaire de proportion, comme souvent en nutrition. Les modes de vie modernes ont favorisé la consommation des oméga-6, plus faciles à se procurer que les oméga-3 et il s’est ainsi créé un déséquilibre en faveur des oméga-6. Un rééquilibrage par l’augmentation de la ration d’oméga-3 est donc conseillé ainsi qu'une consommation au maximum de cinq fois plus d’oméga-6 que d’oméga-3. Actuellement, la tendance est d’en ingérer quinze fois plus. Il faut donc réduire les oméga-6 mais cela ne sert à rien d'augmenter la consommation d'oméga-3 au-delà d'une certaine limite.