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Prouesse médicale

Une femme donne naissance à un bébé grâce à une greffe d’utérus de sa jumelle

Par Charlotte Arce

Jeudi 28 juin, en Italie, une femme a accouché d’un petit garçon grâce à une transplantation d’utérus issu de sa sœur jumelle. Une grande première dans l’histoire de la médecine.

Handemandaci/iStock
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Ce jeudi, à Bologne, en Italie, a eu lieu une naissance qui fait figure d’exploit scientifique : celle du premier bébé conçu grâce à une transplantation d’utérus entre deux jumelles.

Cette jolie histoire est le fruit du travail du Pr Mats Brännström. Ce spécialiste de la médecine reproductive et directeur de Stockholm IVF, branche du groupe Eugin, a en effet greffé sur la future mère l’utérus de sa sœur jumelle. D’origine Serbe, la jeune femme, qui réside en Italie, était en effet née sans utérus en raison d’une malformation congénitale, nous apprend Libération. C’est donc sa sœur jumelle qui lui a fait don du sien. L’opération avait eu lieu en mars 2017 au Children University Hospital de Belgrade, en Serbie, et avait duré 15 heures (dix pour le prélèvement de l’utérus et cinq pour l’implantation). 

Après une grossesse sans problème, le petit garçon est donc né jeudi sous césarienne à l’hôpital universitaire Sant Orsola de Bologne.

Douze bébés nés d’une greffe utérine depuis 2014

Ce n’est pas la première fois qu’un bébé vient au monde grâce à une greffe d’utérus. En octobre 2014, en Suède, a en effet eu lieu la première naissance suite à une transplantation utérine, réalisée un an plus tôt par le Pr Brännström. Cette intervention a depuis permis à onze autres enfants de voir le jour, dont huit grâce au spécialiste suédois. 

En revanche, il s’agit bien là de la première transplantation entre deux vraies sœurs jumelles. Cette situation inédite offre un réel avantage : celle de ne pas utiliser d’immunodépresseurs. Ce traitement, habituellement essentiel pour éviter le rejet du greffon, s’avère en effet très contraignant pour la personne transplantée.

Le Pr Mats Brännström s’est félicité de cette prouesse dans un communiqué. "C’est une étape importante dans le domaine de la médecine de la reproduction et de la chirurgie de transplantation. Cela s’ajoute au succès initial de la transplantation mère-fille, où nous avons constaté un taux de naissance (bébés rentrés à la maison) de 85%", affirme-t-il.

Un espoir pour les femmes nées sans utérus

Cette nouvelle naissance survenue après une transplantation utérine offre un espoir à de nombreuses femmes privées d’utérus pour des raisons congénitales ou médicales.

Actuellement la loi française n’autorise la transplantation utérine qu’aux femmes en couple et incapables de concevoir à cause d’un problème médical : anomalie congénitale (syndrôme MRKH), hystérectomie après cancer ou tuberculose utérine. On estime à 2 000 ou 3 000 le nombre de femmes en âge de procréer concernées en France. Souvent vue comme une alternative crédible à la gestation pour autrui (GPA), la transplantation utérine avait fait en 2015 l’objet d’un rapport encourageant de l’Académie de médecine.

En France, un essai clinique est en cours depuis 2016 au CHU de Limoges, sur huit femmes. Contrairement aux approches employées en Suède et aux États-Unis, il repose sur une transplantation utérine à partir de donneuses décédées. Un choix audacieux : pour l’heure, les grossesses issues de telles transplantations n’ont jamais abouti. L’hôpital Foch de Suresnes, lui, travaille également sur la greffe utérine, mais avec des utérus issus de donneuses vivantes.