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Cartographie des tiques

Lyme : grâce à l'appli "Signalement Tique”, on sait qu’1 patient sur 3 est piqué dans son jardin

Par la rédaction avec Mathilde Debry

L'application "Signalement Tique", destinée au grand public, permet de dessiner progessivement une carte de France de l'implantation des tiques et des maladies qu'elles véhiculent, dont la maladie de lyme.

Andrei310/istock

Grâce à l’application smartphone grand public "Signalement Tique", lancée l’été dernier par l’INRA, on sait désormais qu’une personne sur trois déclare avoir été piquée dans son jardin.

"Ce sont des données que l'on ne peut pas collecter d'une autre manière"

L'Institut national de la recherche agronomique a recueilli 5 000 signalements et reçu 1 000 tiques en dix mois. Un vrai succès, qui permet d’améliorer les connaissances et la prévention de la maladie de Lyme. "Ce sont des données que l'on ne peut pas collecter d'une autre manière" résume Jean-François Cosson, vétérinaire et spécialiste de l'écologie de la santé au sein de l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) à Maison-Alfort (94).

Avec l’application “Signalement Tique", les personnes piquées ou les propriétaires d’animaux piqués peuvent remplir un petit formulaire (date, lieu de la piqûre, type d'environnement : forêt, prairie, jardin, etc.) et joindre une photo de l'insecte après l'avoir retiré à l'aide d'une pince à tique. Les bestioles sont ensuite analysées par l’INRA, pour voir si elles sont porteuses de la maladie de Lyme ou d'autres bactéries.

L'Est de la France fait l'objet de nombreux signalements de piqûres

Les résultats définitifs de cette grande étude ne seront connus que dans plusieurs années, mais l’INRA a tout de même mis en ligne quelques données. L'Est de la France, en particulièrement les Alpes où l'on pratique la randonnée, font l'objet de nombreux signalements de piqûres. Par ailleurs, une personne sur trois déclare avoir été piquée dans son jardin.

Ce matin, Jean-Jacques Orfeuvre, vice-président du Réseau Écologie Nature de la Haute-Loire (REN 43), a par ailleurs attiré l’attention sur le rôle important que jouent les renards dans la lutte contre la maladie de Lyme. "Les renards mangent les campagnols et les rats taupiers sur lesquels vivent les tiques qui peuvent être infectées", explique-t-il. Leur présence limite également les déplacements des rongeurs, qui attrapent ainsi moins de tiques.

Pourtant, "Chaque année, 4 500 renards sont tués en action de chasse en Haute-Loire", déplore Jean-Jacques Orfeuvre.

Une maladie infectieuse

La maladie de Lyme est une maladie infectieuse, secondaire à la transmission d'une bactérie lors d'une morsure de tique. Les autorités françaises reconnaissent chaque année autour de 30 000 nouveaux cas. La prévalence moyenne est estimée à 43 cas pour 100 000 habitants depuis 2009. A titre comparatif, elle était de 16,5 cas pour 100 000 personnes entre 1999 et 2000 et de 9,4 cas pour 100 000 individus de 1988 à 1989, selon Santé Publique FranceEn 2016, le taux d’incidence annuel estimé a également augmenté par rapport à 2015, passant de 51 cas/100 000 à 84 cas/100 000. 

Rappeler cette constante augmentation du nombre de cas est important puisque nous sommes précisément à la période d’activité maximale de ces parasites. On les trouve en masse dans les zones boisées et humides, les herbes hautes des prairies, les jardins, les parcs forestiers ou urbains, ou encore, sur les animaux (domestiques ou sauvages). "Les contaminations humaines sont plus fréquentes à la période d’activité maximale des tiques, en France entre le début du printemps et la fin de l’automne", alerte le ministère de la Santé.

Les tiques ne sont naturellement pas infectées, mais se contaminent en se nourrissant du sang des animaux sauvages contaminés. Elles ne se déplacent pas loin non plus par elles-mêmes. Cependant, la propagation des tiques par différents vecteurs (rongeurs, oiseaux migrateurs, animaux domestiques) fait qu'il est possible de se faire mordre en dehors des bois et des espaces naturels. Elles peuvent par exemple se coller aux oiseaux migrateurs et tomber loin de leur emplacement d'origine.

La maladie de Lyme 

La maladie de Lyme peut apparaître dans les 30 jours après la piqûre, d’abord sous forme d’une plaque rouge et ronde qui s’étend en cercle (érythème migrant) à partir de la zone de piqûre. La lésion de la peau peut s'accompagner de douleurs musculaires et articulaires, ou encore de fièvre. Avec un traitement précoce, elle disparaît en quelques semaines à quelques mois. "Les symptômes sont multiples : douleurs articulaires, tremblements et troubles neurologiques - perte de mémoire, état dépressif", expliquait Eric Oden à France 3 Nouvelle-Aquitaine. 

En l’absence de traitement, l’évolution vers la phase secondaire n’est pas systématique, mais aggrave le pronostic : l'infection peut devenir chronique et se diffuser de la peau à tout l’organisme. Elle donnera alors des complications graves qui peuvent toucher plusieurs organes (articulations, cerveau, cœur...). "Des mois à des années après l’infection peuvent apparaître des manifestations tertiaires, de type articulaire, cutané, neurologique, musculaire, ou cardiaque", rappelle le ministère de la Santé.

Reconnue pour la première fois comme une pathologie professionnelle 

Les personnes les plus exposées sont les professionnels travaillant en forêt (forestiers, bûcherons, gardes forestiers…), et ceux qui y vont pour leurs loisirs : les chasseurs, les golfeurs, les pêcheurs, les ramasseurs de champignons, les randonneurs, les campeurs ou encore les promeneurs du dimanche.  

Après plusieurs mois de procédure, le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Guéret (Creuse) a reconnu la maladie de Lyme d'Eric Oden, comme une pathologie professionnelle. Une première en France. La mutualité sociale agricole (MSA), qui avait refusé sa demande d’indemnisation, a été condamnée par le tribunal à lui verser 1200 euros.

Ce technicien de la forêt à la fédération de la chasse en Creuse est atteint de la maladie de Lyme depuis 4 ans, notamment parce que son emploi l'oblige à être au régulièrement en contact avec des animaux porteurs de tiques. "Les symptômes sont multiples : douleurs articulaires, tremblements et troubles neurologiques - perte de mémoire, état dépressif", explique-t-il à France 3 Nouvelle-Aquitaine. Selon lui, cette décision de justice démontre "que la maladie chronique existe. Il faut qu’on évolue sur la prise en charge en France. Ça devient catastrophique", estime-t-il.

Comment réduire la présence de tiques près de sa maison ?

Il est important de se protéger contre les piqûres de tiques, notamment en portant des vêtements clairs afin de les distinguer plus aisément sur le tissu, des chaussures fermées, des pantalons, de se couvrir la tête et de privilégier les chemins dégagés plutôt que les hautes herbes. N'oubliez pas d'inspecter attentivement chaque personne après une balade à risque, de même que les animaux de compagnie.

Pour empêcher les tiques de s'établir autour des maisons d'habitation (si elle sont situées près d’une zone sauvage ou d’un bois), il est conseillé de tondre régulièrement la pelouse et d’entretenir la cour. Il faut aussi retirer les feuilles mortes, les broussailles et les mauvaises herbes en bordure de la pelouse et près des murs de pierre. Il faut empêcher l'activité des rongeurs en nettoyant et en scellant les murs de pierre et les petites ouvertures autour de la maison. 

Il faut empêcher les animaux domestiques, et particulièrement les chiens, d'aller dans les bois et mettre éventuellement des répulsifs à tiques sur les animaux domestiques. Il faut disposer les balançoires et les carrés de sable des enfants à distance des terrains boisés. Il en est de même pour les réserves à bois. Les terrasses en pierre ou en béton sont à privilégier dans les zones d’endémie.

Que faire en cas de morsure ?

Si vous avez été piqué, il est urgent de retirer rapidement la tique, si possible dans les 12 à 36 heures qui suivent la morsure. Un tire-tique (vendu en pharmacie) est indispensable pour la retirer en la saisissant dans le sens de l'axe de son corps (afin de retirer le corps entier) et en la faisant pivoter dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

Crédit : andriano_cz/iStock

Ce geste doit être effectué avec délicatesse afin que la tique ne vomisse pas sous votre peau les éventuelles bactéries qu'elle transporte. N'hésitez pas à vous aider d'une loupe et à désinfecter la zone une fois la tique retirée. Vous devrez tout de même surveiller la morsure pendant un mois afin de vous assurer qu'une plaque rouge ne s'y développe pas. Si tel était le cas, consultez rapidement un médecin. 

Pour plus d'informations, vous pouvez également consulter :

Le site du Ministère de a Santé
http://www.sante.gouv.fr/maladie-de-lyme.html

Le site de l'association France Lyme
http://francelyme.fr/