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Pénoplastie

L'opération d’allongement de son pénis est un désastre : incapable de la moindre relation sexuelle, il porte plainte

Par Dr Philippe Montereau

Sébastien, un jeune homme complexé par la taille de son pénis, a porté plainte au pénal comme au civil contre son chirurgien : douleurs, boules, perte de morceaux de peau... l'opération qui devait lui agrandir le pénis a tourné au désastre. Les relations sexuelles ne sont plus possibles et la victime porte plainte. Décryptage.

vchalup2/epictura

Sébastien avait 24 ans quand les complexes liés à la taille de son pénis sont devenus insupportables. Il a donc décidé en 2013 d’essayer une opération de chirurgie esthétique pour l'agrandir et se sentir mieux dans sa peau.

Il a contacté un chirurgien renommé pour la "chirurgie intime de l'homme", à Paris, et a subit une première opération en 2013 pour lui agrandir la verge ("pénoplastie d'allongement"), et une autre en juin 2014, qui consistait probablement en une opération d’élargissement du pénis ("pénoplastie d'élargissement").

A la suite de cette 2ème intervention, il est observé « l'apparition d’un effet couronne, c'est-à-dire un aspect de rétrécissement de la base du pénis », assez disgracieux, selon Le Parisien. Un effet assez fréquent après les injections de graisse sous la peau qui élargissent le pénis.

L’opération vire au cauchemar

Pour résoudre ce problème "d’effet couronne", son chirurgien décide de lui réaliser des injections d’acide hyaluronique à la base du pénis. L'acide hyaluronique est un produit souvent utilisé en cosmétologie et l'objectif était de combler le vide observé afin de redonner à son sexe un aspect "harmonieux".

Mais Sébastien a visiblement fait une réaction indésirable grave au Macrolane, le produit qui lui a été injecté et qui contient de l’acide hyaluronique. Il constate l'apparition de douleurs et de « boules » réactionnelles disgracieuses et très handicapantes lors de ses érections, qui deviennent inutilisables. La notice du Macrolane est pourtant parfaitement claire et déconseille de l'utiliser dans les organes génitaux masculins (comme féminins), car des dysfonctionnements érectiles ont été signalés.

Cette réaction poussera son chirurgien à réaliser de nouvelles incisions, sous anesthésie locale, dans les boules réactionnelles, pour retirer l’acide hyaluronique par simple expression manuelle...une vraie "boucherie" d'après l'avocat de Sébastien. Nul doute que cela a été douloureux et particulièrement traumatisant pour le jeune homme. Le chirurgien refuse de reconnaître avoir commis la moindre erreur car il utilise régulièrement ce produit, mais Sébastien a porté plainte au pénal comme au civil.

La « pénoplastie d’allongement » pénis

Manifestement, Sébastien a eu dans un premier temps une « pénoplastie d’allongement », une intervention assez simple qui est pratiquée chez les hommes qui ont une taille de pénis légèrement inférieure à la normale. L'opération d'augmentation ne modifie pas la longueur des corps caverneux et n’augmente donc pas les dimensions du sexe en érection : elle ne fait qu'agrandir le pénis au repos de 1,5 à 3 cm selon les cas. Elle est essentiellement destinée aux hommes souffrant du « syndrome du vestiaire » en raison de la taille de leur sexe au repos.

Le pénis normal est composé d'une partie visible (pénis externe) et d'une partie cachée, fixée à l'os du pubis par le « ligament suspenseur » (pénis interne). L’opération consiste à réaliser une incision pubienne de quelques centimètres et à sectionner partiellement ces ligaments suspenseurs de la verge à l’os du pubis. Cette intervention permet d’extérioriser un segment de pénis interne.

Il est nécessaire de faire un geste chirurgical complémentaire sur la peau à la base du pénis, qui est devenue trop courte, en réalisant une plastie cutanée qui permet également d’augmenter l’effet d’allongement du sexe : c’est cette plastie qui peut occasionner des cicatrices et qui a pu être responsable de l’effet couronne lors de la "pénoplastie d'élargissement" pratiquée dans un 2ème temps.

D’autres techniques de chirurgie d’augmentation

Certains chirurgiens associent en effet un grossissement du pénis dans un 2ème temps (« pénoplastie d’élargissement »), qui vise à augmenter également le diamètre du pénis.

L’opération consiste à prélever de la graisse, au niveau du ventre ou des hanches et à la transférer sous la peau du pénis (entre la peau et les corps caverneux) de manière régulière et harmonieuse. Il s'agit d'une technique de lipostructure ou lipomodelage, utilisée pour d’autres localisations en chirurgie plastique, véritable autogreffe de tissu graisseux. La graisse est en effet triée dans une centrifugeuse qui sélectionne les cellules graisseuses de bonne qualité qui sont seules réimplantées sous la peau du pénis via des injections.

Certains chirurgiens proposent des injections d’acide hyaluronique au même endroit, mais il s’agit d’un produit qui n’a pas d’autorisation d’utilisation dans cette indication, même pour la base du pénis, le chirurgien a visiblement pris ce risque qui est donc une "pratique hors-AMM", c'est-à-dire qu'elle n'a pas été validée sur une étude scientifique et une reconnaissance de l'agence du médicament.

Il ne s'agit pas d'une vraie chirurgie d’allongement

La chirurgie d’allongement réel du pénis est rare et uniquement réalisée en cas de « micro pénis » (moins de 7 cm à l’état flaccide quand on tire dessus).

Elle fait appel à des techniques beaucoup plus sophistiquées de chirurgie réparatrice du pénis (« phalloplastie ») qui consistent à allonger les corps caverneux et augmenter réellement la longueur de la verge en érection. 

Ces techniques sont sont lourdes et réservées à des équipes chirurgicales très spécialisées, le plus souvent en milieu hospitalier universitaire.

Rester optimiste

Après une intervention de pénoplastie, l'activité sexuelle doit être stoppée pendant les trois semaines à un mois suivant l’intervention. Le patient pourra alors reprendre son activité sexuelle, mais de manière progressive.

Le résultat définitif sera établi au bout d’un mois pour la pénoplastie d’allongement. Pour la pénoplastie de grossissement, du fait d’une résorption obligatoire du volume de graisse injecté, l’élargissement post-opératoire obtenu peut diminuer, surtout les premiers jours ou les premières semaines, pour ensuite se stabiliser à partir du 3e mois, mais il devient en principe définitif après le 3ème mois.

Pour Sébastien, il a été traumatisé et l'on ne connait pas l'état de son pénis mais, en dehors des cicatrices disgracieuses et des douleurs, l'appareil érectile n'a pas été touché par le chirurgien dans ses différentes manipulations qui se limitent à la peau et au ligament suspenseur. Il n'est donc pas exclu que, remis de son traumatisme, il puisse avoir de nouveau des érections.