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Agnès Buzyn

Tabac : le paquet coûtera dix euros d'ici fin 2020

Par Ambre Amias

La ministre de la Santé a annoncé six hausses de 35 centimes à un euro en trois ans, pour atteindre l’objectif annoncé du paquet de cigarettes à 10 euros en 2020.

CatherineL-Prod/epictura

C’était une promesse d’Emmanuel Macron. Il était établi que d’ici quelques années, le prix du paquet de cigarette passerait à 10 euros. Le moyen d’y arriver était encore inconnu. Invitée d’Europe 1 ce mercredi matin, Agnès Buzyn a enfin détaillé le calendrier des augmentations.

« Les arbitrages ont été rendus, a-t-elle expliqué. Nous allons, dès la fin de l’année, harmoniser le prix des paquets de tabac, et notamment les plus faibles en augmentant en moyenne de 35 centimes d’ici la fin de l’année pour arriver à 7,10 euros. » Ensuite, chaque année, le paquet prendra un euro. Il coûtera 8 euros en 2018, 9 euros en 2019, et enfin 10 euros en 2020.

Progressivement

Mais ces hausses annuelles ne seront pas toutes réalisées en une fois. « Il y aura une hausse d’un euro en mars prochain, et ensuite des hausses de 50 centimes d’euro en avril et en novembre 2019 et de 50 centimes d’euro en avril 2020 et 40 centimes en novembre 2020 », a précisé la ministre.

Des augmentations progressives qu’elle justifie par la nécessité de laisser aux fumeurs le temps « de se préparer et de trouver des moyens d’arrêter de fumer. C’est un calendrier qui permet à chacun de se mettre dans la perspective d’un arrêt », a-t-elle ajouté.

Ne froisser personne

Le calendrier permet surtout de ménager les débitants de tabac, déjà vent debout contre l’augmentation. Si les associations saluent cette augmentation importante, ils regrettent néanmoins qu’elle ne soit pas réalisée d’un coup, pour frapper fort.

« Nous sommes très satisfaits de la volonté du gouvernement d’augmenter le prix du paquet, même si nous aurions préféré que cette hausse survienne d’un coup – comme entre 2002 et 2004, où le prix du paquet avait bondi, à chaque fois, de 40 %, expliquait ainsi pour Pourquoidocteur Clémence Cagnat-Lardeau, directrice de l’Alliance contre le tabac. Mais nous ne sommes pas complètement contre un échelonnement. »

Au final, les prix vont augmenter, et provoquer le mécontentement des buralistes (et des fumeurs). Mais les spécialistes de la lutte contre le tabac pourront toujours objecter que rien n’est plus efficace qu’une hausse brutale. Entre 2002 et 2004, la forte augmentation des prix du tabac avait en effet permis de faire baisser les ventes de 25 %. Finalement, cet échelonnement ne contentera personne, et sera peut-être moins efficace.

Lutte à l'échelle européenne

L'augmentation du prix du tabac se positionne dans une stratégie plus large de réduction du tabagisme. Élargissement de l'interdiction de fumer dans les lieux publics, interdiction des arômes artificiels, remboursement des substituts nicotiniques, moi(s) sans tabac, rappelle dans un communiqué le ministère de la Santé.

Il ajoute la volonté du gouvernement de faire passer la lutte à l'échelon européen. « D’abord parce que l’objectif de santé publique est partagé avec nos voisins européens, ensuite parce que le principal obstacle à une action efficace est la divergence des politiques fiscales. L’enjeu est majeur dans les zones frontalières de l’hexagone. »

Il souhaite ainsi établir une fiscalité plus harmonieuse entre les pays, limiter la circulation transfontalière de tabac, et coordonner la lutte contre la contrebande.