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Prévention

Papillomavirus : le vaccin anti HPV réduit le risque de 90 %

Par Audrey Vaugrente

Les femmes vaccinées contre 9 souches de HPV sont protégées à long terme contre le risque de cancer du col de l’utérus.

imagepointfr/epictura

Prévenir le cancer par la vaccination, c’est possible. Un essai clinique paru dans The Lancet le confirme : le vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) permet bien de lutter contre les cancers gynécologiques. Avec une protection contre 9 souches oncogènes différentes, les femmes vaccinées voient leur risque réduit de 90 %.

C’est une étude d’ampleur qui a permis de parvenir à cette conclusion. Pendant six ans, des chercheurs de trois continents ont suivi l’état de santé de 14 000 femmes vaccinées. La moitié d’entre elles ont reçu la version la plus ancienne du Gardasil, qui immunise contre 4 souches. Les autres se sont vues injecter le Gardasil 9, qui a reçu une autorisation de mise sur le marché en 2015 mais pas encore en vente.

Les médecins ne se sont pas contentés de traquer les cancers du col de l’utérus. Ils ont aussi testé l’efficacité du vaccin contre les lésions de la vulve et du vagin. Comme son prédécesseur, le Gardasil 9 a une efficacité de 97,4 % en prévention des infections par le HPV.

Peu d’effets secondaires

L’impact de la protection est particulièrement marqué contre les lésions précancéreuses les plus courantes : les néoplasies cervicales intra-épithéliales de grade 3. Il se montre aussi très coriace face aux adénocarcinomes in situ.

« Ce vaccin fournit l’opportunité d’éliminer les cancers causés par le HPV, particulièrement les cancers du col de l’utérus », se félicite Warner Huh, investigateur aux Etats-Unis. La prévention s’avère aussi efficace au niveau du vagin et de la vulve.


Cet essai clinique se montre aussi rassurant sur le plan des effets secondaires induits par la vaccination anti-HPV. Seules 3 % des patientes ont souffert de manifestations sévères. Mais le produit n’a été mis en cause que chez 7 d’entre elles.

L’hésitation persiste

Malgré cette forte efficacité, la couverture vaccinale reste faible en France comme dans d’autres pays, dont les Etats-Unis. Autorisé depuis 2007, le Gardasil a été administré à moins de 20 % des jeunes filles.

Il faut dire que le produit est au cœur d’une vive polémique, alimentée par les plaintes de patientes accusant cette vaccination d’être à l’origine de maladies auto-immunes. Celles-ci ont pourtant été classées sans suite. Des travaux rassurants ont également été publiés à ce sujet.

Pour rappel, le Gardasil 9 protège contre 9 souches de papillomavirus dont le caractère oncogène est connu. Elles sont à l’origine de 90 % des cancers du col de l’utérus, et impliquées dans les tumeurs de la vulve, du vagin et de l’anus. Ce qui pousse les spécialistes à inciter activement à la vaccination. En mars dernier, ils ont publié une lettre ouverte dénonçant le retard français.



Un coût élevé

Si le vaccin s’avère très efficace, la question de son rapport coût-efficacité reste en suspens. Lynette Denny, obstétricienne à l’université du Cap (Afrique du Sud), le rappelle dans un commentaire associé à l’étude. De fait, l’injection coûte cher. En France, une dose représente une dépense supérieure à 100 euros, et deux sont nécessaires. Dans les pays à faibles et moyens revenus, c’est trop.

Or, « pour qu’un impact sur les maladies associées au HPV soit observé, particulièrement dans le cancer du col de l’utérus (…), une couverture large chez les jeunes femmes est essentielle », explique la spécialiste. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en a bien conscience. Il a demandé, en février dernier, à ce que le coût soit réduit.

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