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Questions au gouvernement

Vaccins : Agnès Buzyn rappelle l'innocuité des adjuvants

Par Audrey Vaugrente

Face aux députés, Agnès Buzyn a défendu l’élargissement de l’obligation vaccinale. Interrogée sur les risques des adjuvants, elle a maintenu leur absence de nocivité.

COME SITTLER/SIPA

La forme laisse à désirer, mais le message est clair. Pour la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, le débat sur le danger des vaccins n’a pas lieu d’être. « Nous sommes dans l’irrationnel le plus total », a-t-elle déclaré ce 26 juillet à l’Assemblée nationale. La locataire de l’avenue Duquesne répondait à l’interpellation de Frédérique Tuffnell, lors de la séance de Questions au gouvernement.

La députée LREM a suggéré l’utilisation d’alternatives « moins nocives » aux adjuvants actuellement utilisés. Les sels d’aluminium sont, en effet, au cœur d’une polémique nourrie, en partie alimentée par les ligues anti-vaccinales.

90 ans de recul

Ces produits sont utilisés pour améliorer la réponse immunitaire de l’organisme lors de la vaccination. Présents dans de nombreux vaccins – DT Polio, Gardasil notamment –, ils sont soupçonnés de favoriser diverses maladies auto-immunes.

Mais aux yeux de la ministre de la Santé, ce débat n’a pas de sens. « L’adjuvant est nécessaire pour que le vaccin soit efficace, a-t-elle rappelé au micro. Nous avons un recul d’utilisation de 90 ans, et plusieurs centaines de millions de doses de vaccins utilisées. »

Citant un rapport de l’Organisation mondiale de la santé, Agnès Buzyn a donc conclu sans hésitation : « Les adjuvants ne sont pas nocifs pour la santé, tous les rapports le montrent. »

 

 

Ces propos auraient cependant mérité d’être quelque peu modérés. Une chose est claire : les vaccins qui seront rendus obligatoires en 2018 comportent plus de bénéfices que de risques, cela ne fait aucun doute. En revanche, l’hésitation persiste, même au niveau scientifique.

Le doute persiste

Dans son rapport dédié aux adjuvants aluminiques, l’Académie de Pharmacie reconnaît elle-même que les faits prêtent au doute. « D’une manière inexpliquée, les cas de myofasciite à macrophages n’ont été décrits qu’une soixantaine d’années après les débuts de l’utilisation de l’aluminium comme adjuvant », précisent les auteurs du document. Ils notent aussi la répartition inégale des cas sur le territoire.

Autre constat surprenant : les diagnostics ont connu un pic de 1994 à 2002 avant de chuter à nouveau. « Un seul nouveau cas de myofasciite à macrophages serait survenu depuis 2012, alors qu’actuellement, environ 12 millions de doses (…) sont administrées chaque année », chiffre le rapport. Même si un lien existait, les cas resteraient donc rares. Ce qui ne remet donc pas en cause l’intérêt de la vaccination.

Un autre chercheur français plaide pour le doute raisonnable. D’après les travaux de Romain Gherardi, en poste à l’hôpital Henri-Mondor (Créteil, Val-de-Marne), les particules d’aluminium pourraient être associées aux symptômes de la myofasciite à macrophages. Mais dans une situation seulement : chez des personnes prédisposées génétiquement.

Les réseaux sociaux en cause

Pour la ministre de la Santé, le fond du problème ne concerne pas le plan scientifique mais celui de l’information. « Nous travaillons aujourd’hui à lutter contre les réseaux sociaux et à lutter contre la désinformation », a-t-elle déclaré sous les applaudissements. De fait, l’absence de campagne de communication sur sa politique vaccinale pourrait bien porter préjudice au gouvernement.

D’autant que la position d’Agnès Buzyn semble difficile à tenir. Malgré son opposition au principe de l’obligation, la ministre estime être « obligée » d’y recourir face à la baisse de la couverture vaccinale. « S’il n’y avait pas d’obligation, nous savons que le taux de couverture baisserait, à cause de tous ces réseaux sociaux et à cause de cette désinformation », a-t-elle martelé.

Sur les réseaux sociaux, justement, cette accusation est reçue de manière partagée.

 

 

 

 

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